Lady Blackbird, la fugitive de l’Indomptable Bleu
Lady Blackbird ou la richesse par la simplicité
Décrit succinctement, Lady Blackbird ne semble pas briller par son originalité : il y est question d’une noble dame en cavale poursuivie par un empire galactique, aidée dans sa fuite par un contrebandier amoureux. Pourtant, si vous choisissez de partir naviguer sur les flots de l’Indomptable Bleu, cette mini-campagne amateur (donc gratuite) vous laissera un souvenir impérissable pour peu que vous ayez à cœur de la faire vivre.
Lady Blackbird se présente sous la forme d’un document PDF de 12 pages qui inclut l’univers, les règles, les personnages pré-tirés et le scénario. Comment réussir un tel prodige ? Tout simplement en allant à l’essentiel : le cadre est réduit à sa plus simple expression en recyclant des références évidentes (Star Wars et Jules Vernes entres autres) et les personnages sont des archétypes largement exploités auparavant. Ce classicisme de surface permet de s’approprier l’univers, l’Indomptable Bleu, sans passer par la case « explication (ou lecture) fastidieuse » et de saisir en un instant les possibilités et enjeux d’un tel cadre.
Côté mécaniques de jeu, Lady Blackbird ne s’encombre pas non plus de fioritures : une demi page plus une page de conseils et d’accroches pour le meneur. Pour résoudre une action, les joueurs devront lancer un certain nombre de dés classiques à six faces (ou d6) en fonction des compétences (appelées Etiquettes) utilisées et en puisant dans un réserve personnelle. L’action est réussie si le joueur obtient suffisamment de succès (4 ou plus sur le dé) pour égaler le niveau de difficulté requis (généralement 3). En cas d’échec, les dés de réserves utilisés sont récupérés et la réserve est augmentée de 1 mais en contrepartie le personnage peut également subir une Condition, un état préjudiciable qu’il revient aux joueurs d’expliquer.
Les Conditions ne seront d’ailleurs pas les seules choses que les joueurs devront prendre en main dans Lady Blackbird. En effet, une grande partie de la narration reposera sur leurs propres improvisations face aux éléments d’histoire ou d’univers proposé par le meneur. A la différence d’un jeu de rôle classique, le MJ abandonne presque totalement sa fonction d’arbitre (la totalité des jets de dés étant effectués par les joueurs) pour se concentrer sur le rythme de la partie : rien de plus efficace pour relancer l’intérêt des joueurs que des challenges inspirés par leurs propres idées. Cela demande toutefois une certaine aisance niveau roleplay et improvisation des deux côtés de l’écran¹ pour donner son plein potentiel.
Plus qu’une véritable campagne prête-à-jouer, Lady Blackbird se présente comme une accroche qui laisse aux joueurs la liberté de broder sur un canevas furieusement familier mais aux possibilités innombrables. Même si tout est pensé pour faciliter la prise en main du système très léger et de l’univers très référencé, seuls des joueurs ayant un tant soit peu d’expérience pourront totalement s’approprier ce space opera² et en faire une aventure unique.
Lady Blackbird est un jeu de rôle amateur créé par John Harper et traduit en France par Les Ecuries d’Augias (le jeu ainsi qu’un guide de maîtrise³ sont en téléchargement libre)
¹ écran : paravent illustré séparant traditionnellement le MJ et les joueurs ² space opera : sous-genre de science fiction au ton épique, faisant la part belle à l’exploration et la guerre spatiale ³ maîtrise: désigne les diverses missions du MJ avant, pendant et après le jeu