Rachel Rising : Mignonne allons voir si la mort…
Rachel Rising : Mignonne allons voir si la mort…
Un goût étrange, mêlant terre, humus, déjections animales, petits insectes grouillant à quelques centimètres sous terre. C’est ce qu’a dû ressentir, entre autres sensations, Rachel quand elle s’est démenée pour sortir de la tombe grossière où elle était enterrée vivante. Enfin vivante… ou presque!
En effet Rachel a une amnésie de 3 jours. Elle ne se souvient de rien, elle a comme indices, le lieu de son enterrement-renaissance, ses yeux rouges sang, une marque de strangulation sur le cou. Son entourage a du mal à la reconnaître et la prend pour un zombie. Sa première « mission » sera de se faire accepter par les siens. Chose plus difficile que prévu.
Une fois son état accepté par ses proches elle prendra conscience qu’elle est revenue avec d’étranges capacités, de visions et de prédictions. On croisera aussi Zoé une petite fille toute gentille, toute mignonne, qui conduit avec un manche à balai pour enterrer sa grande soeur qu’elle vient d’étouffer… sympa la frangine. Il y aussi cette jeune femme tuée par son fiancée qui revient dans le monde des vivants avec un serpent dans la bouche. On apercevra aussi un être ressemblant à Rachel qui semble semer la mort. Si Rachel s’habille beaucoup en noir, son sosie s’habille en blanc comme pour accentuer leur lien encore obscur, une future lutte peut être?
Terry Moore (Stranger in Paradise, Echo) met en place une histoire où se mêle naturellement fantastique et réalité avec un trait léger, doux, se limitant à l’essentiel, le noir et blanc collant aux ambiances morbides, poétiques, stressantes du livre. Les liens tissés entre les personnages qui forment l’entourage de Rachel sont tendres et touchants, on se prend d’affection pour eux. La sensation de désorientation de Rachel est partagée, dans le premier volume, par le lecteur car on a du mal à comprendre le stoïcisme et/ou le questionnement de Johnny et Jet, la « famille » de Rachel (en tout cas ça m’a perturbé au départ). Les trames, qui semblent, secondaires sont tout aussi passionnantes. Dans le deuxième tome on va plus loin encore, la mort et le malheur poursuit Rachel, les pistes pour comprendre ce qui lui arrive se dessine petit à petit mais restent obscures. Mais ça n’empêche pas de garder un certain humour dans le récit qui permet aux protagonistes d’avoir un certain recul…De ne pas sombrer dans la folie qui devrait être le lot de bien des personnes dans ce genre de situation.
Les femmes sont très présentes dans l’histoire et ont la quasi-totalité des rôles principaux. Ce qui est certes une habitude chez Terry Moore reste une exception dans l’univers de la BD en général.
Rachel Rising nous parle de beaucoup de choses, de la vie, de la mort, d’une femme qui se découvre comme si elle passait un cap, une étape de sa vie. Cela parle aussi de la condition de la Femme en général qui doit se battre pour sortir la tête de siècles de patriarcat, il s’agit là d’une interprétation purement personnelle de ma part.
Je ne peux que vous conseiller Rachel Rising édité en VF par Delcourt, n’ayez pas peur si le départ vous déstabilise, cela vaut vraiment le coup de s’accrocher, en tout cas pour les deux premiers volumes que j’ai lu. Mais j’ai confiance pour la suite.