Arrow saison 2: l’Archer fait mouche
Quand la série Arrow fut annoncée sur CW en 2012, elle fut accueillie avec méfiance voire hostilité dès la présentation du casting. Stephen Hammel, qui endosse le rôle titre, était déjà critiqué avant d’avoir pu montrer quoi que ce soit sur écran (certainement le contrecoup de sa participation à Vampire Diaries sur la même chaîne). Même si l’animosité des fans acharnés de l’univers DC et de Green Arrow ne tarit pas, il faut se rendre à l’évidence : Arrow est un succès, devenant le fer de lance de CW et le signal attendu depuis des années sur le potentiel d’un série télévisée de super-héros (médium certainement le plus adapté pour retranscrire l’esprit des comic books). Si la première saison m’avait enthousiasmé par sa structure narrative, son ambition et ses chorégraphies martiales, certains défauts m’avaient laissé les pieds sur terre (manque évident de moyens par rapport aux ambitions, épisodes à la limite du remplissage, personnage de Laurel insipide…). Qu’en est-il de Arrow saison 2 ?
Autant le dire de suite, Arrow saison 2 surpasse sa devancière sans l’ombre d’un doute. Même s’il subsiste quelques scories, l’équipe créative de la série a tiré les leçons de la première saison pour utiliser au mieux son budget, certainement sans commune mesure avec Agents of SHIELD mais pour un résultat bien plus convaincant. Ce qui m’a le plus marqué de prime abord est le traitement des personnages secondaires, bien plus développés qu’auparavant et réellement mis à l’honneur, avec des éclaircissements et évolutions plus que bienvenus pour l’empathie du spectateur (mentions spéciales à Moïra Queen et à l’agent Lance). Même si de nouveaux rôles apparaissent pour les besoins de l’histoire, une base solide pour la cosmogonie de la série se met en place.
Le second point fort de Arrow saison 2 est sa réalisation, bien plus maîtrisée. Si les scènes d’action sont toujours aussi palpitantes et lisibles (pas de caméra tremblante ou de sur-découpage), c’est surtout sur l’homogénéité de l’ensemble que les progrès sont le plus spectaculaires. La première saison était passée de 13 à 22, puis 23 épisodes en cours de diffusion, ce qui pouvait expliquer certaines carences visuelles (dont l’utilisation assez abusives de stock-shots d’Oliver à l’entraînement). Ici, la saison complète a pu être planifiée dès le départ et on ressent moins le manque de moyens et l’impression de déjà-vu qui subsistait auparavant. A part l’incrustation d’un sous-marin très approximative, aucune faute de goût rédhibitoire.
Enfin, Arrow saison 2 se démarque par son intrigue haletante qui enchaîne révélations et coups de théâtre sans temps mort et avec des antagonistes charismatiques, avec au premier rang Slade Wilson alias Deathstroke. Incarné par Manu Bennett (connu pour ses rôles d’Azog le profanateur dans Le Hobbit et surtout de Crixus dans la série Spartacus), cette némésis intimement liée au passé sombre d’Oliver donne une profondeur à leur confrontation, ce qui manquait cruellement lors de la première saison. Sans rien dévoiler de l’intrigue, disons qu’un choix impossible d’Oliver durant son exil forcé risque d’entraîner la destruction de la famille Queen et de Starling City, rien que ça…
A l’image de son générique, dont la nouvelle orchestration amplifie la puissance, Arrow saison 2 joue intelligemment la carte du « toujours plus » de rigueur pour une deuxième saison, sans tomber dans la facilité ou le grotesque. Les créateurs de la série ont développé judicieusement leurs atouts (action maîtrisée, narration bien rythmée) tout en veillant à gommer autant que possible leurs faiblesses. Ajoutez à cela des adversaires inoubliables et des enjeux bien plus élevés et l’on comprend aisément pourquoi Arrow saison 2 ne laisse pas du tout une impression d’inachevé contrairement à sa devancière. J’espère de tout mon cœur que la saison 3 (dont les amorces sont plus qu’alléchantes) suivra le même chemin, ainsi que les deux autres qui selon toute vraisemblance concluront le premier cycle des aventures télévisuelles de Green Arrow (cinq saisons couvrant cinq années d’exil).