Dexter, Saison 8, la pire saison de la série ?
Enfin ! Dexter c’est terminé ! Après 4 saisons de trop, le « calvaire » a pris fin. Comprenez-moi, j’adore la série, j’adore le personnage de Dexter Morgan (Michael C. Hall), mais Dieu que cette série s’est perdue au fil des saisons, nous laissant avec un dernier épisode complètement what the fuck parachevant une saison que l’on pourrait qualifier d’ignoble.
Attention, il se peut que cette chronique dévoile les moments clés de l’intrigue, si vous n’avez pas vu la saison 8, je vous invite à le faire si vous ne voulez pas être spoilés !
Tout avait si bien commencé…
Dexter fait partie de ces petites pépites que j’ai découvert en 2006, époque où je commençais vraiment à fourrer mon nez dans les séries.
A l’époque, le ton et l’originalité de la série (le « héros », en fait un anti héros, un bon gros psychopathe qui trucide selon le « Code » – exigé par Harry (James Remar), son père adoptif – est mis en avant) m’attirent inexorablement. J’adore le personnage, j’adore sa façon d’être, cette sorte de « geeko-monstre », totalement sociopathe, incapable de nouer une relation avec quiconque, excepté sa demi-soeur.
La série, à ses début, était elle-même excellemment bien ficelée, avec des bad guys vraiment énormes (le frère de Dexter (Brian Moser (Christian Camargo)), Lila Tournay (Jaime Murray), Miguel Prado (Jimmy Smits), Arthur Mitchell(John Lithgow)), et des seconds rôles tout aussi intéressants (Vince Masuka (C.S. Lee), Angel Batista (Aimee Garcia), Maria Laguerta (Lauren Vélez), James – « Surprise, Motherfucker » – Doakes (Erik King)).
Le ton de la série était cynique, le personnage de Michael C. Hall nous laissant entrer dans sa tête et écouter toutes ses pensées, celles-ci étant souvent à base de réflexions assez drôles et bien venues sur sa condition de justicier meurtrier, sur sa façon d’être et de mettre en scène ses tueries. Malheureusement, ce ton s’est perdu au fil des saisons…
Dexter, le gentil câlinou ami des enfants
Car oui, après la saison 4, considérée comme la meilleure de toutes, avec le meilleur ennemi de Dexter, le terrifiant Arthur Mitchell – aka le « Trinity Killer » – et une fin de saison complètement énorme (le meurtre de Rita (Julie Benz)), le showrunner de la série, Clyde Phillips, décide de n’être « plus » que le producteur exécutif du show. Conséquence réelle ou non, la série connaît une saison 5 dégueulasse, avec un rythme chiant, malgré le bon salopard de service (Jordan Chase (Jonny Lee Miller)). La série va alors enchaîner les saisons moyennasses, malgré le très « intéressant » Travis Marshall (Colin Hanks), le fameux « Doomsday Killer » de la saison 6, jusqu’à ce dernier épisode de cette ultime saison, imbuvable.
C’est au cours de ces dernières saisons que la personnalité de Dexter va radicalement changer. Sa rencontre avec Rita, à l’époque, avait quelque peu modifié sa façon de voir les choses dans sa condition de meurtrier, mais il restait tout de même le tueur implacable que l’on avait découvert. Ces derniers épisodes ont complètement cassé le personnage. Il est devenu très – trop – sensible, se révélant incapable de tuer sur sa table d’opération, Oliver Saxon (Darri Ingolfsson), le fils du Dr Vogel (Charlotte Rampling).
Les scénaristes ont voulu nous faire avaler que son amour pour Hanna (Yvonne Strahovski) a complètement modifié son comportement. On s’est donc retrouvé à un personnage fade, insupportable, se foutant dans les merdes les plus impossibles, comme une certaine Nancy Botwin dans Weeds (sérié diffusée à l’époque sur la même chaîne que Dexter, Showtime).
Le début de la série nous avait appris à aimer le personnage principal, sans pour autant cautionner ses actions. Ces dernières saisons l’ont totalement démystifié, l’adoucissant en le présentant comme un être qui n’avait pas le choix de tuer, parce qu’il était en danger, parce que c’est le héros et pis c’est tout !
Un scénario indigent
L’histoire de cette saison 8 aurait peut-être pu occulter un personnage principal devenu totalement mou du genou. MAIS NON !
Pourtant, cette 8ème partie de la série commençait sur une bonne note, l’apparition du Dr Vogel dans la vie de Dexter, et l’explication du fameux « Code » enseigné à Harry par cette dernière, pour apprendre au jeune Dexter à canaliser ses pulsions promettait une suite intéressante. Mais la suite se gâte…
Le scénario enchaîne les histoires annexes qui n’ont aucun, mais alors AUCUN impact sur la suite de l’histoire. On se retrouve donc avec Masuka qui découvre qu’il a une fille suite à un don de sperme, cette même fille qui boit, qui se drogue, qui va aider son père au labo de celui-ci afin de se faire un peu d’argent. On se dit, « ah, tiens, encore un nouvel assistant chelou, après Ryan Chambers (Brea Grant) et Louis Greene (Josh Cooke) dans la saison 6, mais bon, si ça peut rajouter du piquant dans l’histoire… ». Ha ha. Non. On suit juste l’histoire entre Masuka et sa fille de façon annexe, sans que cela n’ai aucune influence sur le déroulement de la série.
On retrouve dans cet amalgame de portnawak, la non promotion de Joey Quinn (Desmond Harrington) au poste de lieutenant, poste glané par Angie Miller (Dana L. Wilson), personnage qui disparaît totalement de la saison à partir de ce moment.
On peut aussi parler de Debra (Jennifer Carpenter), que l’on retrouve plus bas que terre au début de la saison, travaillant pour une agence de détectives privés, sous la coupe d’Elway (Sean Patrick Flanery) et sa mèche folle. Autant Elway aura un semblant d’importance dans le dernier épisode, autant la présence de Deb dans cette agence ne servira, là aussi, pas à grand chose pour la suite des événements…
Le meilleur pour la fin…
Ce dernier épisode parachève cette saison médiocre de façon « spectaculaire ». Je crois que c’est un des pires « Season Finale » qu’il m’ait jamais été donné de voir.
Qu’est ce qui ne va pas dans cet épisode ? Par quoi commencer…
Dexter s’en sort, phase 1
On peut débuter avec le meurtre de Saxon par Dexter, une des pires explications de légitime défense que j’ai pu constater dans une fiction. Le top, c’est que Batista et Quinn semblent approuver. Alors oui, vous allez me dire: « Mais ils s’en foutent de la défense de Dexter, même s’ils sont sceptiques, ils vont laisser passer parce qu’il pensent que c’est Saxon qui tiré sur Debra, ils se disent que justice a été rendue ! ». Mouais, mais ça ne leur saute pas aux yeux la façon dont Dexter joue la comédie à fond devant les caméras de surveillance, juste après avoir tué, de sang-froid qui plus est, Oliver Saxon ? Les doutes ressentis à propos de Dexter, sur son implication dans certains meurtres, lors des saisons précédentes, par Quinn notamment, ne se sont pas à nouveau manifestés ?
On peut enchaîner avec le plus grand moment de portnawak de cet épisode: la sortie de Deb par Dexter de l’hôpital.
Dexter s’en sort, phase 2
Putain de bordel de merde, vous nous prenez pour des cons ? C’est ça ? Dites-moi que vous étiez conscients de l’absurdité de cette scène quand vous avez pondu votre scénar de merde sur le PQ qui vous sert de support d’écriture !
Dexter s’en sort, phase 2.1
Dexter décide de débrancher sa soeur, qui est tombée dans le coma suite aux complications de sa blessure par balle. Déjà, ce qui m’a fait tilt c’est « heu, ok man, mais tu vas te faire grilled, c’est l’hôpital de Miami, ils doivent avoir des détecteurs qui alertent les infirmiers quand un truc comme ça se passe ! ». Ben non, tout roule. Le gars transporte tranquille le brancard hors de la chambre.
Dexter s’en sort, phase 2.2
Ensuite, comme un bourrin, il passe devant l’accueil, avec sa soeur, cachée sous un drap blanc bien voyant, sans que personne ne le remarque. Ah oui, c’est vrai qu’il y a une tempête dehors, on a autre chose à foutre à l’hosto que voir un mec en civil pousser un brancard sur lequel se trouve une morte en dehors du bâtiment.
Dexter s’en sort, phase 2.3
« Ah, ouf, je suis en dehors de l’hosto, que vais-je faire avec le corps ? Le mettre sur mon bateau au vu et au sus de tous les badauds pardi ! Aller hop, j’y vais franco, de toute façon, y’a la tempête, personne me regarde, malgré mon gros bateau amarré, seul, sur le petit port devant le bâtiment hospitalier. Salut les nazes ! J’emmène ma soeur faire un tour en mer ! »
Dexter s’en sort, phase 3
Après un « mémorable » lançage de soeur par dessus bord, Dexter décide de se sacrifier et de foncer avec son bateau dans l’ouragan monstrueux qui sévit sur la mer. Suicide. Fin…
QUE VOUS ETES NAÏFS ! Bien sûr que non ! Après leur 5ème rail de coke chacun, les créateurs de cet épisode décident de finir tout ça en beauté, parce que bon, quand même, Dexter c’est le héros, il n’a pas le droit de crever ! Un petit flashforward et… tadaaaaa, on retrouve notre cher psychopathe en… BÛCHERON ! Waaaaah, putain, fallait la trouver celle-là ! J’avoue, je peux leur reconnaître ça aux scénaristes, c’est une chose à laquelle je ne m’attendais pas. Donc, Dexter travaille dans une entreprise de découpe de bois. A la fin de sa journée, il rentre dans sa cabane en bois, s’assied sur une chaise et regarde fixement la caméra. Fin. Pour de vrai cette fois-ci.
MDKSKDFLSKFLDSK (borborygme, ‘scusez-moi) ! Sacrebleu, 8 saisons pour ça ? Le travail fait sur la personnalité de Dexter au début de la série, ses actions, les multiples fois où il a failli se faire prendre, toutes ces choses balayées par cette scène finale où l’on retrouve le psychopathe barbu nous fixer scrupuleusement ? Se repent-il ? Va t-il continuer son massacre parmi ses nouveaux copains les bûcherons ? Veut-il qu’on comprenne ses actes, afin qu’il subisse une sorte d’absolution ? On ne sait pas. Qu’ont voulu exprimer les scénaristes par cette dernière scène ? On ne sait pas.
Tout ce que je peux dire, c’est que les personnes ayant oeuvré à la réalisation de ce Season Finale étaient soit très connes, soit des grosses feignasses (je pencherais plus pour le second raisonnement). De fait, on voyait déjà que la série battait de l’aile depuis 4 saisons, et Showtime a voulu tirer sur la corde histoire de faire tenir sa licence Dexter jusqu’au bout. Les scénaristes n’avaient plus d’idée, la série tournait en rond, et cette 8ème saison était celle de trop, à n’en pas douter.
J’ai gueulé devant mon écran une fois l’épisode terminé (bon ok, ceux qui me connaissent savent que je râle facilement, mais bon), sisi, mais c’était « justifié » en un sens. Pour moi, et pour beaucoup je pense, il faudra retenir les 4 premières saisons de cette série qui révolutionna le genre à l’époque, mettant en avant Michael C. Hall et son interprétation parfaite. Malheureusement, même lui avait l’air fatigué de son rôle à la fin…
Alors oui, on peut dire que cette saison est la pire, parce qu’étant la dernière, elle se devait d’offrir une histoire de qualité et une fin digne de ce nom. Raté.
En tout cas, pour le spin off avec Debra, je pense que l’on peut toujours courir. Ou alors un prequel. Ou alors, des sirènes l’ont recueillie quand Dexter l’a jetée à la flotte, et une queue lui est poussée, et maintenant elle pousse des « fuck » à longueur de journée à tous les requins qui l’emmerdent. J’en sais rien, ça ne sera pas pire que ce qu’on nous a pondu avec Dexter…
Pour finir, une des scènes les plus connes de cette saison 8, l’accident de Harrison sur le tapis de course. Bordel…
MDR! Cet article est le plus vrai de tous les articles sur cette saison. Tout à fait d’accord, écrit avec brio et humour. Il faut refaire cette saison (et les 3 autres précédentes). J’adore^^