Elsa CHARRETIER : L’interview.

Elsa CHARRETIER: L’interview.

 Aujourd’hui votre aimable serviteur tenais à vous présenter une artiste dont le talent est immense. Un trait très beau et un coup de crayon qui peut en faire baver plus d’un. Mais qui de mieux pour vous en parler qu’elle même, Elsa Charretier nous présente son travail et nous parle même de son projet « Aeternum Vale » . A noter que les dessins présentés sont mis en couleurs par Magali Paillat. Je vous laisse découvrir son interview et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à la découvrir que moi. 

Bonjour Elsa, peux tu te présenter , et nous présenter ton parcours ?

Bonjour !

Je suis dessinatrice et je fais essentiellement du comics. Mon parcours est assez simple en soi…Initialement, je m’orientais vers une carrière d’actrice. J’ai pris des années de cours à Paris, passé des dizaines de casting, joué dans quelques courts-métrages, mais c’est devenu évident avec le temps que cette vie ne me convenait pas. Je ressentais le besoin de m’exprimer artistiquement, mais le cinéma ne m’a jamais apporté ce que je retrouve aujourd’hui dans le dessin.

 J’ai passé plusieurs années à tourner en rond en fait. Jusqu’à ce qu’il y a deux ans, Pierrick (Colinet) me propose de faire un dossier de BD avec lui. Il avait écrit quelques pages d’un scénario qu’il souhaitait présenter à Charlie Adlard, alors de passage en France, mais il n’avait pas de dessinateur. Je n’avais jamais dessiné jusque là, mais après tout je n’avais pas grand chose à perdre. Donc on a bricolé un truc tout les deux, et on l’a montré à Charlie. Avec le recul, j’imagine la réaction qu’il aurait pu avoir. Les pages étaient affreuses, les personnages anatomiquement faux, raides et sans expression… Mais, au contraire, il nous a encouragé, a passé 30 minutes en privé avec nous pour nous expliquer quelle direction on pourrait emprunter.

 C’est ce premier échange, tellement encourageant et plein de générosité qui nous a motivé à continuer. J’ai abandonné le cinéma sans regret, et j’ai commencé à dessiner 12 heures par jour pour rattraper mon retard, et 1 an plus tard, on signait chez Wanga pour Aeternum Vale.

Parles nous de tes influences et d’où tires- tu ton inspiration?

 Avec le temps, j’ai compris que ce qui m’avait plu dans le cinéma à la base, c’était les acteurs eux-mêmes, le langage corporel, les expressions du visage, et les différentes manières de transmettre des émotions (à travers les cadrages, les échelles de plan, le découpage…). Je continue donc toujours à m’inspirer de films, de séries, de dessins animés… Après évidemment, j’ai découvert de nombreux artistes dont le travail me guide encore aujourd’hui : Charlie Adlard et sa subtilité, Yanick Paquette, Marco Rudy… L’animation regorge aussi de magnifiques choses.

 Je passe beaucoup de temps à chercher des livres, trouver de nouveaux artistes. Mon ordinateur est rempli de fichier d’inspiration, tant de paysages que de visages ou de travaux d’artistes.

Si mes souvenirs sont bon, tu étais présent à Angoulême pour l’édition 2013, et pour nous présenter ton projet «Aeternum Vale». Aujourd’hui celui ci vient de paraître, peux tu nous le présenter ?

Oui, Aeternum Vale vient de sortir. En fait, nous avons même reçu les livres juste hier ! C’est un vrai bonheur de les tenir enfin, de pouvoir voir le produit fini. On a tout de même passé 9 mois sur cette histoire.

 Pour pitcher le livre en quelques mots… C’est le mythe de Frankenstein à l’ère industriel.  Mais c’est évidemment plus que ça : c’est l’histoire de deux personnes meurtries par la vie et qui retrouvent en l’un l’autre un substitut de famille, c’est une histoire sur le lien filiale, mais aussi sur l’obsession du pouvoir.

 Un projet fort plaisant, mais au final comment celui-ci est né?

Après notre rendez vous avec Charlie, nous avons commencé à travailler sur le projet que Pierrick avait écrit. Mais on s’est rapidement rendu compte que l’histoire était bien trop ambitieuse pour nous (trop de numéros), et qu’aucun éditeur ne semblait intéressé. Après quelques temps, on a décidé de mettre ce projet de côté et de s’attaquer à une nouvelle histoire.

Je crois que je me souviendrais toujours de comment Aeternum Vale est né. On est allé faire un tour, prendre un peu l’air pour se rafraîchir les idées et essayer de développer de nouvelles pistes. En une heure, tout était là : les personnages, leur design, l’histoire, l’univers… On a commencé à travailler dessus tout de suite après. Les 5 premières pages étaient faites la semaine suivante, et dans le mois on a eu une réponse positive de la part de Wanga Comics. Tout s’est fait extrêmement naturellement si bien que l’énergie positive du début nous a guidé tout au long de la réalisation de la BD.

Tu étais présente à la Paris Comics Expo, comment as-tu vécu ce moment et la rencontre avec ceux qui te suivent et qui ton découvert sur place ?

La PCE a été un moment vraiment important pour nous. Bien que pour des raisons techniques nous n’avions pas le livre, la rencontre avec tout ces gens, fans de comics ou familles curieuses, a été extrêmement enrichissante. D’abord, l’énergie était géniale, tous les artistes venaient se parler sur les stands, échanger des sketches, regarder les porte-folio… On a pu rencontrer tous les gens qui nous suivent sur les réseaux sociaux. Ils sont venus avec leurs familles, leurs enfants… J’adore toujours ce regard d’enfant du fan qui vient chercher sa commission !

MDCU/Comics Zone qui nous avaient invité ont fait un travail formidable avec le stand et les sketchbook qui avaient été imprimés spécialement pour l’occasion sont partis comme des petits pains.

Après la PCE, pourrons nous avoir la chance de te rencontrer sur d’autres événements?

Nous avons des séances de dédicaces prévues dans l’année oui. Les dates seront annoncées petit à petit. Nous avons choisi au maximum d’amener Aeternum Vale auprès des gens qui ne peuvent pas nécessairement se déplacer sur les conventions parisiennes.

Peux-tu nous présenter tes projets à venir, tes envies de collaborations ou tes projets solo?

Pierrick et moi allons faire un One Shot un peu spécial le mois prochain. Je ne peux pas encore dire sur quelle série, mais on est extrêmement contents d’être sur cette histoire.

 Après ça je vais travailler avec Mark Sable pendant plusieurs mois sur un projet qui s’annonce  super. La perspective de travailler sur un comics avec lui est énorme pour moi. Déjà, c’est un premier pas aux Etats-Unis. Ensuite Mark est vraiment quelqu’un de génial, à l’écoute de ses artistes, et enfin, l’histoire est excellente.