Entretien avec un Cosplayer : Leobane

En fidèles lecteurs de TAG, vous êtes bien placés pour savoir que ce sont les passionnés qui parlent le mieux de leur passion: je vous propose donc de découvrir le cosplay  au travers d’entretiens avec ceux qui le pratiquent. Pour cette première, rencontre avec le cosplayer toulousain Leobane.

Bonjour Leobane. Peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours dans l’univers du cosplay ?

Comme tu le sais, je suis Toulousain donc de mon côté, j’imagine que ce parcours aura débuté comme pour beaucoup de monde ici avec le TGS¹. J’y allais sans connaître personne réellement puis je me suis fais un groupe de potes avec qui nous faisions des photos de temps en temps mais du cosplay, je n’y connaissais rien, le TGS était le moment de rêver, de sortir du lycée et de rigoler avec des inconnus. Je retournais à ce TGS tous les ans car j’habitais à côté puis pour repasser de bon moments avec cette petite bande. A l’époque j’avais un look plutôt atypique où se mélangeaient cheveux longs et redingote. A un TGS certains se sont mis à me photographier pensant que je cosplayais Lestat : je me suis dis « Pourquoi pas ? ».

© Warped Prod

J’ai toujours été fan de péplum et de gladiature alors ma première réalisation était une création perso, un gladiateur pour le TGS d’avril 2011. Pour celui de décembre 2011 j’ai fait une seconde version un peu améliorée et j’y ai rencontré un type qui aura changé mon devenir dans cet univers : Jack Raiden, aussi connu sous le nom de Naythero. J’étais un grand fan de 300, de l’univers et surtout des spartiates. En fréquentant les cosplayers et en voyant ce qui se faisait, je me suis lancé dans ce défi en compagnie de mon premier frère d’armes Raphaël, un super pote que j’affectionne particulièrement (un TGS sans ce type, n’en est pas un!) Naythero a été un élément clé dans ce projet: il nous a appris comment utiliser la résine polyester, procédé qui a permis à Raph et moi de sortir nos spartiates. Bien sûr quand je regarde les photos de ceux-ci, j’en rigole… mais sans ce début de savoir, sans ce coup de pouce, rien n’aurait été possible.

Suite à cela j’ai attaqué Khal Drogo de Game of Thrones pour le TGS de décembre 2012 : gros travail du cuir donc recherche de nouveau savoir, apprentissage de nouvelles techniques et découverte de la création de moule et donc l’utilisation des silicones. Comme à chaque fois, des choses merdent (le postiche qui ne tient pas, la perruque qui foire etc…) mais finalement on apprend de nos erreurs et on s’améliore forcément de cette manière. Le Khal a été amélioré pour le TGS de décembre 2013 où j’ai porté à nouveau ce costume.

Nikita Cosplay as Khaleesi
Shoot by R.M. Photography

Du côté spatiate, on a recréé le groupe 300 pour le TGS d’avril 2013. De deux nous sommes passés à 7 et entre nous tous, maintenant, c’est à la vie à la mort : on aura été un groupe cosplay mais finalement aussi liés qu’un régiment. Pour ce groupe, j’ai entièrement refait le cosplay : nouveaux process, beaucoup plus de précisions, création de mes patrons de sorte à pouvoir courir aisément, avec légèreté et sans frottement sur mes membres, le casque est celui de Léonidas pour cette édition et le cimier en réel crin de cheval. Le groupe a eu du succès : c’était génial et j’ai tellement de choses à dire que je vais m’abstenir d’en faire un livre.

Entre temps j’ai attaqué Bane version Nolan que j’ai dû mettre en pause un moment, avant de le reprendre pour le finaliser pour la JE-Paris² 2013. Sur ce costume, j’ai appris énormément de choses en terme de silicone, de moulage et de travail des mastic et résines. A l’époque, je travaillais 45h par semaine mais j’avais mon vendredi après-midi de libre ; hors question de me reposer à ce moment-là : j’ai passé tout ce temps dans une entreprise de résine et moulage afin de les bombarder de questions et de m’imprégner de leurs savoir. L’entreprise était à 70km de chez moi mais le savoir que j’en ai sorti se situe entre Pluton et Mercure.

En continuant dans la chronologie, j’ai attaqué Pyramid Head de Silent Hill version film. Je voulais là encore être le plus proche possible du modèle d’origine : je mesure donc 2m70 du sol au haut de ma pyramide, l’épée fait 2m30 et le pagne en latex rend un effet peau bluffant… Une belle bête.

Là on arrive à aujourd’hui : pour le TGS d’avril 2014 je viens de sortir Bradley de Full Metal Alchemist, mon premier cosplay tiré d’un manga. J’ai également attaqué Kratos de God of War depuis janvier, prévu pour le TGS de décembre 2014.

Voilà tu as toute ma vie de cosplayeur au niveau création. Pour ce qui est du social, c’est tout simplement magique : tellement de connaissances, de gens formidables que l’on ne voit qu’en convention mais qui finalement nous sont proches.

© Karma 73

As-tu un personnage fétiche que tu aimes particulièrement incarner ? Pour quelles raisons ?

Mon pseudo est Leobane en hommage à Leonidas et Bane, pas seulement pour les avoir incarné en cosplay, mais aussi parce que je m’identifie à eux en premier lieu. 
Du côté spartiate il y a l’apprentissage, se montrer fort, il y a la recherche de la polyvalence ainsi que l’excellence, il y a le sens du sacrifice et du dévouement. Au niveau de Bane il y a le fait de toujours chercher à dépasser ses limites, tant au niveau physique que du côté intellect : Bane c’est la recherche du toujours plus, c’est la volonté de toujours s’améliorer pour s’affirmer.
Cette envie de s’améliorer de façon perpétuelle, d’aller dépasser ses limites, ce dévouement ainsi que la recherche de l’excellence sont des valeurs que je partage personnellement et je fais ma vie sur celles-ci.

D’après ton expérience, quel est le cliché le plus récurrent concernant le cosplay et ceux qui le pratiquent ?

Sûrement que le cosplay serait un univers de gosse. Je pense que ceux qui affirment cela oublient qu’il ne faut pas s’arrêter à ce que montre la télévision, comme c’est trop souvent le cas. Quand ils voient Iron Man ou les X-Men à l’écran, ils ignorent que ce niveau de costume est bien présent en convention et que pour arriver à un rendu équivalent, on ne se contente pas de scotcher deux morceaux de papiers. Apprendre des techniques nécessitant dévouement, curiosité, sérieux tel que l’utilisation et le choix des résines, le travail du cuir, la création de moules et le tirage d’exemplaires, tout cela pousse à se renseigner sur ce qu’il se fait dans le milieu pro : cela n’a rien à voir avec un univers de gosse. Je suis Technicien Supérieur en Qualité Aéronautique, je peux te certifier que mes collègues de bureau sont plutôt là à vouloir voir mes avancements et à m’en féliciter plutôt que d’en rigoler.

Nikita Cosplay as Khaleesi Shoot by R.M. Photography

Quel est ton meilleur souvenir de cosplayer ?

Je pense qu’il m’est impossible de répondre à cette question, tellement de choses m’ayant donné le sourire. Les conventions sont magiques : on y rencontre des gens que l’on voit uniquement à celles-ci mais qui finalement deviennent de supers amis, des frères d’armes. Les souvenirs divergent selon le cosplay également. Par exemple, lorsque que je mets mon Bane, je vois souvent des parents qui veulent que leur enfant pose avec moi. Je leur propose de le porter à bout de bras, comme si j’allais effectuer le cassage de colonne ; les enfants disent non de la tête mais les papas sont souvent là avec le sourire jusqu’aux oreilles et sont super heureux de leur photo, assez comique.
Jeunes comme déjà bien adulte, les gens demandent à poser avec nous et dans leurs regards, on peut voir des étoiles : ça c’est quelque chose de spécial et c’est également pour ce regard-là que je fais du cosplay. Grâce au cosplay, un père de famille de 40 ans peut enfin réaliser son rêve de 15 ans qui était de rencontrer tel super-héros ou bien d’immortaliser en photo un coup de poing qu’il aurait donné à tel super-méchant.

Si l’un de nos lecteurs désire se lancer dans le cosplay, quels conseils pourrais-tu lui donner ?

Y aller à fond. Se dire que si il a vu cela en vitrine étant gosse ou dans un film, c’est que cela a déjà été réalisé par le passé et qu’il peut donc en faire de même. Ne jamais s’arrêter et toujours viser la lune. Aller vers l’inconnu et progresser à pas de géant pour avoir le meilleur résultat possible, en tout point conforme avec ses rêves.

© Carré & Kawaii Photographie
Naythero as Batman

Quels sont, en quelques noms, tes projets à venir?

Hercule version comics, Bane version DC, Kratos comme évoqué plus haut, Crixus de la série Spartacus et d’autres choses plus ou moins secrètes qui seront annoncées sur ma page Facebook.

Enfin, où peut-on admirer ton travail sur le net et à quelles manifestations aura-t-on l’opportunité de te rencontrer cette année ?

Outre ma page Facebook, j’ai également un compte Instagram où je publie quotidiennement l’avancée de mes créations, le résultat de shoot photos ainsi que mon vécu lors des conventions.
En convention, étant Toulousain, on me verra à tous les TGS, avril comme décembre. Pour le reste c’est au feeling mais en règle générale j’essaye de rester fidèle à la JE de Paris. Dans tous les cas j’avertis de mon passage à n’importe quel événement où je porte mes costumes (cela prend donc en compte les conventions) sur mes pages cosplay.

Pour conclure cet article, voici quelques anecdotes au sujet de Leobane et de sa pratique passionnée du cosplay :

– il entraîne son physique toutes les semaines et modifie ses séances, ses programmes ainsi que son plan nutritionnel en fonction du personnage qu’il va incarner
– pour le cimier de son casque spartiate, il a reçu le crin de cheval 4 jours avant la convention où il devait le présenter, ignorant encore à ce moment-là comment le fixer ; le reste de son costume n’était pas encore finalisé 3 jours avant
– il apporte énormément d’importance au roleplay, il connaît donc tous les dialogues en dothraki de Khal Drogo et il pourra vous en toucher quelque mots avec l’intonation qui va bien ; il en va de même pour Leonidas et Bane en version française et anglaise