Euphoria : la review

Euphoria : Construisez une meilleure dystopie

Vous étiez jeune lorsque vous avez découvert la vérité sur votre monde. Vous aviez toujours considéré votre société comme une utopie – le mot « dystopie » ne faisant même pas parti de votre vocabulaire. Ou même de votre dictionnaire. Quand vous avez appris la vérité, vous deviez faire un choix : fuir ou rester pour laisser votre empreinte sur le monde.

Vous avez choisi de rester.

C’était il y a bien des années. Maintenant, vous vous demandez si vous avez fait le bon choix. Mais il est trop tard pour faire demi-tour. Vous êtes sur le point de frapper un grand coup, de ravire le pouvoir à vos oppresseurs. Deux ouvriers ont déjà rejoint votre cause et d’autres suivront. Grâce à la solidité de vos allégeances envers les diverses factions, vous avez recruté des experts qui peuvent vous aider dans votre grand projet. Vous êtes prêt à passer à la prochaine étape.

Qu’êtes-vous prêt à sacrifier pour rendre le futur meilleur que le passé ?

Cette semaine, on va parler d’un jeu … étonnant, dans le bon sens du terme, qui répond au nom d’Euphoria.

Dans Euphoria, vous allez essayer de prendre le contrôle d’une société dite dystopique.

Une dystopie, également appelée contre-utopie, est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie.

Le point matos.

Pour son premier jeu, Morning Players nous offre là une belle boite, pleines de matériels, de pions sculptés (chaque ressource n’est pas représentée par un vulgaire cube en bois), des dés gravés, des cartes et un superbe plateau. Au début le plateau peut faire peur, vu la quantité d’information présente, mais on se rend vite compte de sa clarté et de sa simplicité.

Dans Euphoria, vos ouvriers sont représentés par des dés, oui ça peut paraître étrange, mais point de meeples sur le plateau, un dé égal un ouvrier.
Dans sa mécanique Euphoria est simple, à chaque tour de jeu, vous avez 2 choix :

• Placer un ouvrier
• Rapatrier tout ou une partie de vos ouvriers.

Donc rien de bien compliqué jusque là. Au début de votre tour, vous devez lancer vos 2 dés de départ, et la somme des valeurs de vos 2 dés représentera la conscience, la lucidité de vos ouvriers. Plus elle est élevée, plus vous risquez de voir partir vos ouvriers. Si la valeur de lucidité de vos ouvriers est égale ou supérieure à 16, vous perdez un ouvrier, qui, bien conscient du monde qui l’entoure, décide de quitter cette société (et il aura bien raison).

Du coup on fait quoi de nos dés ?

Et bien tout au long de la partie, vous placerez vos dés sur les différents emplacements du plateau afin de récolter des ressources, qui vous permettront de recruter de nouveaux ouvriers, de creuser des tunnels, et de gagner des cartes artefacts.
Tout ça dans un seul et unique but : celui de gagner et de placer vos marqueurs d’autorité. Car le joueur qui place le premier ses 10 marqueurs d’autorité, remporte la partie.

Euphoria est donc un pur jeu de placement d’ouvrier et de gestion de ressources, blindé de subtilité et de trouvaille, le tout englobé par un thème fort et original.
Il y a plein de chose à gérer, de paramètre à prendre en compte, afin de contrer la stratégie des autres joueurs, comme l’utilisation des marchés, qui donne des pénalités aux joueurs qui n’ont pas de marqueur d’autorité sur ce marché.  Les pénalités peuvent parfois être très contraignantes.

Euphoria est donc un très bon jeu, plein de finesse, riche et complexe, mais sans l’être finalement, le tout servit par un matériel de qualité. Mention spéciale pour le plateau qui est extrêmement bien fait, les pictogrammes sont hyper explicites, ce qui nous évite de regarder constamment la règle du jeu, et les illustrations sont juste impeccables.

Vous l’aurez donc compris, j’ai aimé Euphoria et je vous le conseille chaudement, pour toute les raisons que j’ai évoquées plus haut. Euphoria n’est toutefois pas à mettre dans toute les mains, c’est un jeu pour Gamer, qui demande de la réflexion et de la stratégie, donc Casual Gamer, passez votre chemin, ou accrochez vous car ça en vaut la peine.

Je tiens à remercier toute l’équipe de Morning Players et tout particulièrement Nicholas Bodart, pour sa disponibilité et sa gentillesse.

Euphoria est un jeu de Alan Stone et Jamey Stegmaier, édité par Morning Players, pour 2 à 6 joueurs, pour des parties de 60 minutes environ.