Geoffo et Mast l’interview
Geoffo et Mast l’interview
C’est en plein milieu des rues du festival d’Angoulême que nous avons pu rencontrer Geoffo et Mast, ces deux là nous ont gentiment accordé une interview. Quoi vous ne connaissez pas Geoffo et Mast, l’opération Panda Show ne vous dit rien, bon et bien vous n’êtes pas un cas désespéré, et nous vous conseillons de lire le plus attentivement possible ce qui va suivre.
Merci d’être venus sur T.A.G. On voulait parler avec vous puisqu’on vous avait interviewé il y a quelques mois à propos de l’opération Panda Show et on voulait savoir où vous en étiez et que vous nous parliez de votre travail avec Marvel.
Mast : Le Panda Show, c’était un projet Kickstarter qu’on avait lancé pendant l’été pour voir si notre public était intéressé pour le soutenir. C’était un projet transmédia avec de la bande dessinée numérique, du jeu vidéo et de la bande dessinée papier. On demandait 65.000 $ et nous avons réussi au final à n’obtenir que 11.000 et quelques dollars. Donc c’est un échec qu’on a pris très durement. On en pleure encore tous les jours. Geoffo vient encore de partir, il ne supporte pas. Mais après une semaine, on s’est dit qu’il fallait voir les choses positivement. On a appris plein de choses avec le crowfunding. Principalement, qu’il faut bâtir une base de fan – c’est le plus important – et qu’il ne faut jamais lancer votre campagne de financement participatif en été ! C’est une erreur monumentale. Ne faites jamais ça !
Mais sinon c’était très sympa, ça nous a permis de rencontrer plein de personnes et plein de sites web dont T.A.G qui nous a soutenu et on vous remercie. On a très vite passé l’amertume et on s’est dit qu’on va retenter les pandas mais on va bien préparer le terrain et ne pas relancer le projet en été.
Geoffo : Je suis même plus optimiste que Mast et il n’y avait même pas vraiment d’amertume. On fait partie de la génération Y et on est dans cette optique d’expérimentation à gauche, à droite et, du coup, en parallèle du crowfunding, on bossait déjà chez Marvel. Ce n’est donc pas comme si on avait mis tous les œufs dans le même panier. On est vraiment pour l’expérimentation. On teste des choses et c’est ce qu’on continue à faire. Le Panda Show, c’était une super expérience et on a appris plein de trucs grâce à ça et maintenant on développe d’autres projets au niveau français, au niveau américain. Du coup, pour faire le pont avec Marvel, évidemment, chez Marvel, c’est le top du top. On ne pouvait pas rêver mieux. On a réussi grâce au boulot, on a bossé et on continue à bosser. Beaucoup de nuits blanches, peu de vie sociale. Mais au final on est vraiment content qu’aujourd’hui ça porte ces fruits et que tout ça c’est grâce à Balak qui a lancé le turbo média, ce média adapté à la lecture sur écran. Il nous a fait rencontrer Mark Waid, le Spielberg du comics. On a fait pour lui la Pax Arena qui est disponible gratuitement sur Thrillbent. C’est là où on a fait aussi The Walking Panda et The Panda Show. Grâce à Mark Waid, on a rencontré Steve Wacker, éditeur de chez Marvel qui à l’époque venait de lancer depuis un an les Infinite Comics qui est leur ligne digitale qui est créée pour ce type de média. Eux, ils cherchaient des storyboaders, des mecs qui étaient là pour faire le découpage. Comme c’est un mode de narration légèrement différent et que nous avons cette expertise-là, avec Balak… on s’est retrouvés à bosser pour eux et qu’aujourd’hui on bosse sur le retour de Spider-man, avec Peter Parker, etc.
En quoi consiste votre travail chez Marvel ?
Les scénarios nous sont donnés par Dan Slott et Joshua Fialkov. Ils nous fournissent le script où ils vont rester très très vague, par exemple en nous disant « Quelqu’un marche dans la rue et trouve un beignet par terre ». Ça va être aussi basique que çà et à partir de là, on doit le mettre en scène de manière intelligente et intéressante , de manière à ce que ce soit adapté à l’écran et pas simplement fournir des cases qui s’empilent les unes après les autres. On a donc le scénario, on travaille à le mettre en scène. On fournit ensuite au dessinateur et au scénariste, scénariste qui à la mise en scène peut développer au mieux son dialogue et ensuite le dessinateur qui calque ses dessins sur notre mise en scène. Après, ce qui est cool, c’est que çà n’est pas fermé non plus ! Ce n’est pas « une fois que le travail est fait, vous dégagez ». On continue à s’entraider. Par exemple, le dessinateur va dessiner d’une manière et nous on va dire « tiens, c’est drôle, dans ce dessin, çà pourrait permettre tel autre effet. Cà permet un vrai dialogue, un vrai échange et donc un vrai travail d’équipe. Idem avec le coloriste, le lettreur…
Mast : Ce qui est intéressant, c’est que ce n’est plus de l’adaptation. C’est vraiment un travail en amont pour faire que les deux médias – papier et turbo média – collent ensemble. Je résume bien ?
Geoffo : Les histoires qui sont racontées sont vraiment ancrées dans l’actualité de l’histoire principale. En plus, à la fin des Infinite le tout est rassemblé et réadapté pour la version papier. Cà sort du coup en art cover à peu près six mois après la diffusion des « Infinite ». Effectivement, c’est pensé pour. On ne prend pas des trucs déjà existants mais c’est un vrai travail d’équipe. C’est cool. Ce qui est vachement bien avec Marvel, c’est qu’ils sont très ouvert à l’expérimentation. Tout n’est pas déjà écrit dans le marbre. Même nous on découvre encore plein de choses mais ils sont suffisamment cool pour tester. Si on doit se crasher, on va se crasher, on va rebondir ailleurs, etc. Et ça c’est super bien !
Mast : La méthode de scénario qu’on utilise, c’est l’ancienne méthode qui était utilisée au début des années 60 par Stan Lee. C’est la Marvel Way : je fournis quelques lignes de script, l’artiste fait ses planches et je mets le dialogue par-dessus. On revient donc un peu à une méthode oubliée et c’est aussi rigolo, au final. Stan Lee ayant plus participé à un des Marvel Infinite. C’est donc un peu un retour aux sources.
Geoffo : Je voulais remercier Marvel mais aussi Comixology parce que c’est aussi grâce à eux qui ont amené la technologie avec leur appli. Eux ils n’appellent pas çà du infinite comics. Ils appellent çà du guided view native. C’est eux qui ont amené le lecteur, ce qui permet des effets, et du coup on bosse aussi avec eux au niveau technique. Cà représente un gros travail d’équipe au final.
C’est quoi le planning ? Cà représente quoi, un épisode, en terme de timing ?
Environ une à deux semaines de boulot pour un story board puis un va et viens avec les artistes. Ce qui est cool c’est que çà fait quasiment un an qu’on bosse sur Spidey et on a donc le temps de faire un vrai travail en amont. Cà sortira seulement en avril et donc on a le temps de bien penser les choses, de revenir dessus. Mais en moyenne, c’est une à deux semaines.
La question du fanboy que je suis : ça fait quoi de rentrer dans le bureau de Stan Lee et de lui serrer la pince ?
On était tout émoustillés : c’est le rêve de tout fan. Si Jack Kirby était encore vivant, on voudrait aussi le voir. On a aussi essayé de voir Steve Ditko. Pour Stan Lee, c’est un grand honneur parce qu’il a quand même participé à la création de personnages qu’on voit tous les jours. On est fans de Spider-man, les X-Men, les Vengeurs. Ils font partie intégrante de notre culture, maintenant ! Donc c’est un grand moment pour nous et, pour lui, c’était un moment de plus dans sa vie déjà très longue. C’était vraiment un grand honneur. J’espère que les gens qui veulent rencontrer Stan Lee pourront le faire tant qu’il est encore en vie. Le rencontrer, ça fait vraiment quelque chose au cœur !