Magic Pen : Plongée dans l’imaginaire d’un auteur.
Magic Pen : Plongée dans l’imaginaire d’un auteur.
Aujourd’hui je voudrai vous parler de Sam Zabel. Sam Zabel est le héros de l’histoire « Magic Pen » et il est aussi auteur de BD. Il est en panne d’inspiration depuis quelques temps, que ça soit avec son travail de commande, la sulfureuse « Lady Night« , ou ses histoires plus personnelles dans la revue « Pickles« .
Notre héros commence à désespérer de retrouver de quoi noircir ses cases. Il doute même de sa légitimité lorsqu’il est invité à un colloque sur la littérature du 21 ème siècle. Lors de cette conférence plusieurs choses vont se produire, il s’enrhumera, il rencontrera une jeune dessinatrice « 2.0 », Alice, qui lui fera connaître une bande dessinée. Et là tout bascule car Sam se retrouvera mystérieusement propulsé dans cette bande dessinée de science-fiction vintage, à la Flash Gordon. S’en suivra des aventures rocambolesques avec des martiens tout rouges, des vénusiennes toutes vertes, des énormes baleines cyclopéennes volantes et d’autres créatures ou situations alambiquées.
Outre le côté fantastique du récit, avec ses « sauts » dans les pages, ses femmes fusées et bien d’autres choses, Dylan Horrocks (le véritable auteur) parle dans Magic Pen de la peur viscérale qu’ont les créatifs de perdre leur inspiration, mais aussi de la faculté qu’ont ces personnes à transmettre leurs rêves, leurs fantasmes. On retrouve aussi une réflexion sur l’éthique de l’auteur : doit-il mettre toutes ses idées, ses rêves, ses cauchemars et peurs dans ses œuvres? Au risque de les transmettre à son lectorat, à l’influencer vers des chemins tortueux et non désirés.
« Magic Pen » a aussi un style graphique faussement simple. En effet, les décors sont très détaillés, les jeux de couleurs indiquent des changements de « monde », le découpage est quasi-cinématographique avec des fondus au noir de temps en temps par exemple. A l’inverse, on s’approche de la ligne claire au niveau des personnages et des créatures, ce qui a pour effet d’éclaircir les cases.
Sans être transcendant ou hyper prenant, « Magic Pen », aux éditions Casterman, est une belle balade dans l’imaginaire débridé d’un auteur sachant prendre beaucoup de recul sur son travail, sur son art. C’est frais, sexy, il y a de l’aventure et de l’humour des petites longueurs mais on passe un bon moment en voguant le long des quelques 200 pages et en suivant Sam Zabel, Alice et Miki.