Microsoft Productivity Future 2015, une vision de l’avenir ?
Microsoft présente un monde fantasmé avec Productivity Future 2015
Aujourd’hui, nous allons parler d’un sujet qui n’est pas tout neuf puisque la vidéo date déjà d’il y a presque deux mois mais, en même temps, nous allons ouvrir une fenêtre sur le futur. C’est le 10 mars 2015 que Microsoft a mis en ligne sa vidéo Productivity Future 2015, comme ils le font régulièrement. Une occasion pour nous de parler technologies futures mais aussi présentes.
Tout d’abord, voici la vidéo dont nous parlons.
Alors, nous allons passer rapidement sur le côté aseptisé et hyper symétrique de la vidéo. Évidemment, étant un projet qui est sensé donner envie de bosser dans le futur, on va pas vous montrer des villes polluées et des plans d’eau pleins de crasses. Ceci étant, je vous propose d’aborder le sujet sous deux angles posés par deux questions : ces technologies sont-elles réalistes ? Qu’est-ce qui pourrait les empêcher de se démocratiser ?
Productivity Future 2015 est il réaliste ?
Pour répondre à la question, il faut être conscient d’une chose. La précédente vidéo Productivity Future qui datait de 2011 nous montrait à l’époque des choses qui nous semblaient totalement farfelues mais qui sont quasiment en fonction aujourd’hui. La géolocalisation, les affichages tête-haute, les visioconférences en FullHD, sont monnaie courante ou, en tout cas, elles ne nous choquent pas. Dans la vidéo qui nous intéresse aujourd’hui, on voit des hologrammes, des bracelets qui réagissent aux mouvements du poignets et des doigts, de superbes interfaces, des appareils qui communiquent entre eux. Ce sont des choses qui, si elles ne sont pas possibles aujourd’hui de manière aussi simples que mises en scènes dans la vidéo, sont disponibles ou en passe de l’être.
Ainsi, on n’a jamais autant parlé de réalité augmentée ou même de réalité virtuelle qu’aujourd’hui, que ce soit à travers nos smartphones et tablettes ou à travers des casques dédiés. De la même façon, saviez-vous qu’une entreprise est en train de travailler sur un gant qui permettrait de capter les mouvements des poignets et des doigts pour améliorer l’interaction dans les interfaces homme/machines de type HoloLens ou Oculus Rift ?
Certains ont avancé que les interfaces montrées sur Productivity Future 2015 n’étaient pas réalistes. Effectivement, tout semble couler trop facilement. Mais au final, posons-nous la question : qu’est-ce qu’une interface sinon une interaction entre l’homme et la machine ? Qu’est-ce qui fait que l’affichage change en fonction de la position de notre souris ou d’un clic à un endroit précis ? Et les gestes qui sont utilisés tous les jours sur nos smartphones, comme le fait de passer d’une page à l’autre d’un mouvement de doigt ? N’est-ce pas simplement parce qu’un développeur à prévu ce genre d’interaction qu’elles se produisent ? Ainsi, rien ne s’oppose déjà aujourd’hui à ce qu’un point d’interrogation tracé sur un document rédigé par un collègue provoque la possibilité de poser une question spécifique à ce collègue. De la même façon, quand on voit une personne tirer un carré pour en développer le contenu, on pourrait imaginer un carnet de notes Evernote qu’on tirerait sur le côté pour qu’il fasse apparaître les différentes notes qu’il contient. La seule chose qui s’oppose à ce genre d’interface, c’est que le développeur n’ait pas prévu cette possibilité.
L’interaction entre les appareils est du même acabit. Aujourd’hui, vous avez des Macs qui interagissent parfaitement avec des iPhone. Ainsi, vous pouvez répondre à un appel ou à un SMS sur votre Mac, reprendre un document sur lequel vous travaillez directement sur votre tablette à l’endroit où vous en étiez. Qu’est-ce qui empêche de transférer une image d’une tablette à un PC d’un mouvement de doigt ? On le fait déjà entre un smartphone et une TV connectée. On caste déjà des vidéos de YouTube lues sur notre smartphone sur notre box. Qu’est-ce qui change ici sinon la rapidité de la réaction ? N’est-ce pas ‘simplement’ un problème de rapidité d’affichage ?
Ainsi, à mon sens, cette impression que tout fonctionne trop bien sur cette vidéo Productivity Future vient plus de nos limitations techniques actuelles que du fait que ce soit vraiment impossible.
Qu’est-ce qui pourrait s’opposer à ces technologies ?
La chose qui nous vient le plus rapidement à l’esprit, bien évidemment, c’est le coût de déploiement. On imagine bien que, le budget de l’éducation étant plus réduit que celui de l’armée, dans notre superbe monde, ce n’est pas demain que des écoles primaires sauront se payer des outils informatiques, tablettes, connexions à très haut débit de manière simple. Là, on est clairement dans le fantasme !
De la même façon, il faudra appréhender la notion d’apprentissage : mêmes si les interactions sont possibles, encore faut-il que les utilisateurs les connaissent. Combien de fois avez-vous eu envie de hurler en voyant vos collègues utiliser son PC avec une perte de temps absolument phénoménale ? Encore aujourd’hui, énormément de gens qui se servent de l’outil informatique n’ont pas conscience qu’ils pourrait gagner des minutes entières, voire des heures avec quelques réflexes simples. Alors, imaginez avec des possibilités décuplées comme celles présentées par Productivity Future…
Enfin, la pire chose qui pourrait entraver le déploiement des ces technologies est déjà ce que je considère personnellement comme un cancer technologique : le fait de vouloir enfermer l’utilisateur dans une technologie. Pour que le genre de futur rêvé par Microsoft voit le jour, il faut que les guerres moisies entre développeurs/constructeurs s’arrêtent. Il faut que mon Mac (non j’en ai pas mais on s’en moque) puisse communiquer avec mon Windows Phone. Il faut que mon Android puisse envoyer des images à mon iPad. Il faut que ma montre connectée ne soit pas limitée à deux systèmes d’exploitation. Bref, autant dire qu’il coulera de l’eau sous les ponts avant que ce genre de choses arrivent même à l’idée des décideurs de ces grosses boites…
Quoi qu’il en soit, je sais pas vous mais perso, je rêverais d’un monde où la technologie serait vraiment un outils pour les gens sans les contraindre inutilement à utiliser telle ou telle marque ou technologie. Cà ressemble plus à un vœu pieux qu’à une réalité proche, vu les montagnes de brouzoufs qui dansent dans les yeux des intervenants mais laissons-nous aller à l’utopie. Oubliez tout ce que vous connaissez et repassez-vous cette formidable Productivity Future 2015 en oubliant Apple, Microsoft et autres Google. Cà vous fait pas rêver, sérieusement ?