Les Quatre de Baker Street, un jeu de rôle Elémentaire

L’exploitation de licences fait partie intégrante de l’univers du jeu de rôle, de L’Appel de Cthulhu à Star Wars en passant par le Seigneur des Anneaux qui a considérablement influencé Gary Gygax et Dave Arneson, les créateurs de Dungeons&Dragons (et donc du jeu de rôle). Il est pourtant un domaine artistique où les auteurs ont bien du mal à convaincre avec leurs adaptations : la bande-dessinée. Même les super-héros de la Marvel n’arrivent pas à tirer leur épingle du jeu, y compris aux États-Unis où comics et jeux de rôle ont un public nombreux et réceptif. Imaginez-donc la difficulté de faire vivre un tel jeu en France… Vents d’Ouest relève pourtant le défi en éditant Les Quatre de Baker Street, adaptation de la bande-dessinée du même nom par l’un de ses auteurs, Olivier Legrand.

Les Quatre de Baker Street vous propose de marcher dans les pas de Billy, Charlie et Black Tom, les héros de la bande dessinée. En effet, vous aurez l’occasion d’incarner des gamins des rues de Londres à l’époque victorienne, employés par le plus célèbre des détective de la ville (voire du monde) : Sherlock Holmes. Le contexte est donc séduisant et accessible, pour une prise en main d’autant plus facilitée que le jeu est vendu dans un coffret contenant le premier tome de la BD et un guide de l’univers. Nul doute que les aventures des Francs-Tireurs de Baker Street, nom donné à ces auxiliaires peu orthodoxes, seront pleines d’intrigues à dénouer et d’action trépidentes.

Le système de jeu des Quatre de Baker Street est un joli numéro d’équilibriste entre simplicité et efficacité. Basé sur le classique dé cubique (ou d6 pour les intimes), il suffit d’obtenir un résultat inférieur ou égal à la valeur d’une compétence pour réussir l’action entreprise. En cas d’échec, on peut toujours dépenser un Point d’Aventure pour le transformer en réussite, pour peu que le joueur se donne la peine d’expliquer ce coup de chance ou cette heureuse coïncidence. Voilà pour les règles : dix compétences et une réserve de points, pas de quoi effrayer le novice avec des caractéristiques, des points de vie, des dés exotiques, etc…

Clairement, Les Quatre de Baker Street a été conçu pour de parfaits débutants car le minimalisme des règles, par le nombre d’options limitées qu’ils propose, oriente grandement le type de personnages qu’il est possible d’incarner et le genre scénario qu’il est possible de jouer. Le fait de jouer des adolescents est habilement retranscrit par une certaine propension à se retrouver hors-jeu assez facilement : un échec sur un jet de compétence peut avoir des conséquences désastreuses, voire mortelles, si le personnage est à court de Point d’Aventure et que ses petits camarades ne le tirent pas de cette mauvais passe…

Les Quatre de Baker Street a peut-être bien réussi là où ses prédécesseurs (tel que Donjon Clé en Main d’après Sfar et Trondheim ou Lanfeust d’après Arleston) avaient échoué : permettre au plus grand nombre de vivre des aventures procurant les mêmes sensations que le matériau de base. Par sa prise en main facile et son caractère orienté, Olivier Legrand parvient à retranscrire en jeu de rôle ce que le lecteur moyen recherche dans une bande-dessinée, à savoir de l’immersion rapide dans son univers favori. Sur le papier, Les Quatre de Baker Street livre une prestation idéale et mérite que l’on s’y attarde au moins le temps d’une partie pleine d’intrigue et de rebondissement. Coïncidence extraordinaire, le pdf du jeu est disponible gratuitement en téléchargement et livré avec un scénario. Fan de la BD, rôliste curieux ou néophyte alléché, vous savez ce qu’il vous reste à faire…