Review de Sons Of Anarchy-Saison 7

C’est un euphémisme que de dire que le Season Finale de la saison 6 de Sons Of Anarchy fut un immense choc pour les fans de la série, avec la mort brutale de Tara Knowles (Maggie Siff), assassinée par sa belle-mère, Gemma Teller (Katey Sagal), de la manière la plus horrible qui soit. Cette pénultième saison du show fut considérée par beaucoup comme la meilleure de l’histoire télévisuelle de « SOA »: scénario génial et complexe, réalisation nerveuse, tendue, acteurs au sommet, Kurt Sutter, le showrunner, avait accompli alors un travail remarquable sur la fiction.

Sons Of Anarchy-Saison 7, murder rampage

Autant dire que la saison 7 de Sons Of Anarchy était attendue au tournant, cette ultime partie du show se devant d’être à minima aussi bonne que la précédente. Pour couper court à tout suspense, non, ce « Final Ride » n’atteint, selon moi, pas la quasi excellence de la saison 6, mais possède tout de même de nombreuses qualités, plus plastiques que scénaristiques.

Car, à ceux qui trouvaient que la saison 6 avait trop appuyé sur le bouton « violence et meurtres », j’ai envie de dire que vous saurez déçus d’apprendre que cette dernière saison engrange les cadavres à une vitesse folle comme on empile des jetons de Puissance 4. Décapitations, démembrements, shootings à tout va, ablations d’oeil… Bref, on savait que les gangs de motards étaient violents, et que les membres SAMCRO était loin d’être des enfants de choeur, mais cette fois-ci, on a peut-être été un peu too much dans l’horreur…

Un autre côté négatif qui avait été relevé dans la précédente saison était l’amoncellement d’intrigues annexes à l’intrigue principale et le caractère « à tiroir » de ces dernières. Là aussi, on dirait que Papa Sutter a eu la main lourde en nous servant des tartoches de personnages et histoires emberlificotés les uns dans les autres, tant est si bien que l’on finit par ne plus savoir qui est qui entre les Chinois, Irlandais, « Browns », « Blacks », flics pourris, membres de SAMCRO, « Grim Bastards », etc etc…

De plus, avec 13 épisodes commandés, il fallait bien fournir du contenu, et, on se rend compte que Sutter a fait du remplissage en milieu de saison, avec cette sorte d’arc scénaristiques montrant les déboires d’Abel (Ryder ou Evan Londo) dans son école. L’occasion aussi pour le showrunner de montrer la non moins dispensable Courtney Love, dans le rôle de l’institutrice d’Abel. En parlant de « pièces rapportées », si l’on peut trouver la présence de l’ex de Kurt Cobain quelque peu inutile, Marylin Manson, dans le rôle d’un Neo Nazi nommé Ron Tully est, a contrario, un élément essentiel du scénario de cette saison, faisant fonctionner ses connexions à l’intérieur et à l’extérieur de la prison de Stockton pour le bénéfice de Jax (Charlie Hunnam).

Le pire dans tout ça est sans doute le fil rouge de cette ultime saison, en l’occurrence le meurtre de Tara par Gemma, cette dernière s’en sortant via un mensonge gros comme la Lune mais que tous les membres de SAMCRO, même Jax, gobent sans sourciller. Ce mensonge est de plus le point déclencheur de toutes les emmerdes qui vont en découler par la suite. Alors, on peut apprécier la tension montant à chaque épisode, avec les membres du club de Jax se mettant de plus en plus en danger à cause de cette « saucisse » de Gemma, ainsi que les emberlificotements scénaristiques qui s’en suivent, ou on peut se prendre la tête à 2 mains et se dire « BORDEL DE BORDEL DE MERDE, MAIS VOUS VOYEZ PAS QUE GEMMA EST AUSSI CRÉDIBLE QU’UN GAMIN QUI ANNONCE A SON PROFESSEUR QU’UN CHIEN A BOUFFÉ SES DEVOIRS !?? ». Heureusement que le personnage de Wayne Unser (Dayton Callie) est là pour relever le niveau de ces bikers sans jugeotte…

Malgré tout ce bachibouzouc, il faut tout de même reconnaître à Sutter une profondeur d’écriture dont peu de séries peuvent se targuer, réussissant à assembler les pièces du puzzle de façon assez habile dans tout ce bordel.

Sortez les mouchoirs

C’est un fait, Sutter est un de ces showrunners qui impose sa « patte » sur ses projets. Sons Of Anarchy est son bébé et le show, cette saison, bien qu’imparfait scénaristiquement parlant, est cependant toujours au niveau concernant sa réalisation, sa mise en scène, sa bande originale.

Sur ce dernier point, Sons Of Anarchy, tout au long de sa diffusion, nous a régalé des tonnes de fois. En rédigeant cet article, pour rester dans le bain de « The Reaper », je me suis écouté la bande originale du show et, pour couper court à toutes les idées reçues qui avanceraient que SOA n’est qu’un amoncellement de titres rocks/heavy chantés par des gros barbus écervelés, il faut bien dire que cette série possède une bande originale plus que réussie et très éclectique. Rock, mais aussi Pop, Folk, Electro, Rap, Heavy Metal, etc etc., le show nous emmène avec lui en nous proposant un contenu musical plus que réussi, avec certaines chansons plus ou moins entraînantes, et d’autres, vous l’aurez deviné, plus ou moins émouvantes. Je défie quiconque de ne pas avoir les yeux humides lors des dernières minutes de cette saison 7 accompagnée du titre « Come Join The Murder » par The Forest Rangers & The White Buffalo:

Visuellement parlant, le show est toujours un bonheur, avec une réalisation « at the little onions », alternant cadrages originaux et/ou nerveux, nous faisant d’autant plus apprécier les moments les plus intenses de cette saison. On pourra toujours pinailler sur l’utilisation abusive d’effets spéciaux numériques beaucoup trop voyants pour les explosions de sang de par exemple, où pour cette scène finale qui, malgré son impact évidente, est assez dégueulasse au niveau des incrustations…

De Sons Of Anarchy, il faudra toujours se souvenir de personnages attachants et/ou emblématiques.

Non, tu n’as pas le droit Kurt Sutter

Jax, au contraire de son père John qui voulait une autre voie de sortie pour SAMCRO, loin de la violence et des armes, est devenu au fur et à mesure des saisons un homme violent, quasiment sans moral, tuant et torturant à tout va, tout en voulant protéger sa famille et son « crew » à tout prix. Charlie Hunnam magnifie une fois de plus cet anti-héros complexe, torturé par ses démons. L’acteur nous prouve une nouvelle fois son talent dramatique, pour preuve cette scène dans la prison de Stockton où Jax se confronte à Juice (Theo Rossi) dans ce qui reste un grand moment de télévision.

Wendy Case (Drea De Matteo), l’ex junkie et ex petite amie de Jax est réhabilitée dans cette saison, malgré un rôle cantonné à celui de femme à tout faire pour Jax et ses enfants. C’est dommage, car cette actrice revient de fort belle manière dans un rôle catalyseur, une sorte de vent de lucidité dans ce bordel ambiant.

Gemma, quant à elle, tombe un peu plus dans la folie suite à son acte impardonnable, et accumule les merdes, autant que Jax dans un autre registre. Katey Sagal envoie du bois comme d’habitude avec cette voix si particulière et ce personnage prêt à mentir sans se poser de question afin de se protéger.

Il y a tellement de personnages de premier ou second plan qu’il faudrait tenir une encyclopédie pour tous les nommer, mais on sera tout de même ravi de citer Wayne Unser qui revient à un rôle de premier ordre, ravi de revoir Venus (Walton Goggins) toujours aussi pétillant(e) et émouvant(e), attristé par la condition de plus en plus précaire de Juice, etc etc… A noter l’apparition de Michael Chiklis, acteur qui avait déjà côtoyé Sutter dans The Shield, qui aura un rôle moins anodin qu’il n’y paraît dans cette saison.

Mais, dites-vous bien une chose, Kurt Sutter est un gros enfoiré qui n’hésite pas à tuer des personnages que l’on pensait trop important pour disparaître, attendez-vous donc, mais vous vous en doutiez forcément, à ce que cette saison soit le chant du cygne de pas mal de personnages, notamment dans les derniers épisodes qui élèvent le nombre de morts jusque dans la stratosphère…

Sons Of Anarchy va me manquer, ce show était l’agrégation de beaucoup de qualités, visuelles, scénaristiques, d’interprétation, et de persos emblématiques. Alors oui, trop de morts, trop de complications scénaristiques avec des arcs qui sont tout simplement jetés à la poubelle au cours de cette saison, mais Sutter a réussi à terminer cette dernière de la « bonne » façon, alors que d’autres shows se sont littéralement gaufrés sur cet aspect (True Blood, Dexter, Desperate Housewives…). On pourra tout de même regretter les relans bibliques beaucoup trop ostentatoires du dernier épisode, faire plus gros, je pense que ce n’était pas possible…

See you Sons Of Anarchy, on espère revoir Sutter rapidement sur un autre projet sériel afin de nous proposer une oeuvre aussi réussie.

La saison 7 de Sons Of Anarchy a été diffusée pour la première fois le 9 Septembre 2014 sur FX et se compose de 13 épisodes.