[REVIEW] Scream, saison 1
Résumé de SCREAM: A Lakewood, un tueur masqué déguisé en fantôme sème la terreur autour de lui, faisant remonter à la surface les secrets d’un passé trouble. Le coupable aurait-il un lien avec le mythique Brandon James, qui avait à l’époque laissé de nombreuses victimes sur son passage ? L’assassin était alors obsédé par la jeune et belle Daisy. La fille de celle-ci, Emma, a aujourd’hui l’âge de sa mère au moment des drames. Le cauchemar recommencerait-il ? Qui sera la prochaine cible du détraqué ?
Annoncée en 2014, la saga de films Scream, écrite par Kevin Williamson et réalisée par Wes Craven, a été adaptée en série tv par la chaîne américaine MTV. Diffusée tout le long de l’été 2015 aux Etats-Unis, la série vient de débarquer en France sur Netflix avec l’intégralité de cette première saison. Il est donc temps de revenir sur ces dix épisodes.
Il était difficile d’imaginer comment une saga horrifique comme Scream pourrait être adaptée pour la télévision. Et pourtant MTV a osé le pari, laissant les fans inconditionnels des films dubitatifs. Alors est-ce que ce pari est réussi? La réponse peut sembler compliquée tellement la série essaie de plaire à différents types de public. Décliner un slasher sur dix épisodes demande beaucoup de tact, surtout lorsqu’on a comme modèle un film comme Scream qui s’amusait avec les codes du genre. C’est donc la première chose qu’on attendait de cette série tv, un discours meta sur la condition de l’horreur à la télévision actuelle. Ce côté là est plus ou moins bien représenté, et même si l’on sent certains passages un peu forcés au niveau des dialogues, Scream MTV réussi à doser ses références. Le pilot est sûrement l’épisode le plus représentatif, le personnage de Noah (véritable hommage au personnage de Randy dans les films) cite The Walking Dead, Hannibal ou encore Bates Motel pour renforcer ce côté auto-référentiel.
Cette première saison suit donc plus ou moins bien cette ligne de conduite, diffusant peu à peu ses influences sans en faire trop. Les dialogues ne sont tout de même pas aussi fins et soignés que ceux écrits par Kevin Williamson, mais les doses d’humour dans la série sont permanentes sans jamais tomber dans la caricature. C’est déjà un bon point, alors que tant de situations auraient pu rapidement tomber dans le grotesque. Cependant, la série n’échappe pas à certains clichés permanents au genre, mais difficile à dire si cela est voulu ou non. Certains personnages, par exemple, manquent réellement de fond, alors que d’autres qui n’apparaissaient comme l’ombre d’eux-mêmes lors du pilot vont se révéler au fur et à mesure de la saison au point de devenir des favoris du public. On pense notamment à la blonde bimbo, Brooke Maddox (Carlson Young), qui connaît sûrement la meilleure évolution dans la série. Mais la vraie faiblesse de ce casting est sûrement son manque de diversité, et il est parfois difficile de se retrouver et de s’attacher aux personnages. Et le plus déstabilisant vient sûrement de l’héroïne de la série, Emma Duval, qui est censé reprendre le flambeau de Sidney Prescott (Neve Campbell dans les films). La tâche est difficile et on ne peut pas dire que ce soit très réussi. En effet, l’héroïne se retrouve souvent dans l’ombre des personnages secondaires et manque cruellement de force.
Pourtant, là où dans les films le personnage de Sidney avait un passé sombre, la série tente de recréer le même schéma avec Emma. La jeunesse de sa mère est troublée par une histoire de meutres en série, et son père est absent du foyer familial. Malgré tout, le personnage ne décolle jamais vraiment hormis peut-être lors du final. La série joue donc sur un vrai paradoxe, entre le personnage de l’héroïne et tout ce qui l’entoure. C’est peut-être même là, la grande force de la série. Le background proposé se révèle intrigant et diffuse son fil rouge de manière plutôt intelligente au cours des dix épisodes de cette première saison. Exit Ghostface comme nous le connaissions, voilà maintenant le mythe de Brandon James et un nouveau masque l’accompagnant. La nouvelle avait créé la polémique au sein des fans, ne comprenant pas la décision de MTV de ne pas utiliser le célèbre masque des films. Mais pourtant, la surprise est réelle car la série prend le masque comme réelle partie de l’histoire. Ce nouveau masque a donc un passé, relié aux meurtres de Brandon James commis 20 ans plus tôt à Lakewood, la ville où se déroule la série. C’est donc un vrai jeu de chasse qui commence.
Là où certains auraient pu s’attendre à une vraie dose de meurtres à chaque épisode, la série fait le choix de les distiller tout au long de la saison. Et malgré tout, le rythme n’en souffre pas trop. Les meutres ne sont pas très inspirés, mais la série fait le choix de frapper son public là où ça fait mal en éliminant certains personnages lorsqu’on s’y attend le moins. Le gore n’est par contre pas absent, MTV n’a pas oublié qu’il s’agissait aussi d’un slasher et non seulement d’une série pour ado. Alors, attention, on ne tombe jamais dans l’extrême non plus mais le quota de sang est bien présent.
Scream a donc su jongler avec son suspense tout le long de la saison, faisant porter le chapeau à chacun de ses personnages. Tellement d’ailleurs, que tout le monde aurait pu être derrière le masque du tueur. Jusqu’au dénouement final, qui rappellera aux fans de la première heure des films un hommage vibrant à Scream 3. La série use d’ailleurs de nombreux clins d’oeils aux films, et cela ajoute une touche ludique à la narration. La série est toujours sur la corde sensible, naviguant à la fois assez maladroitement avec ses personnages mais se rattrapant toujours avec son histoire et la manière dont elle est exécutée. Le dernier épisode prouve d’ailleurs bien que le show a du mal à se positioner entre le show fun et le slasher pur et dur. Mais la série pourrait se rattraper dans sa deuxième saison, qui d’après les dernières images de la saison 1 pourrait se révéler bien surprenante si elle prend des directions osées. A ce moment là, Scream MTV aurait réellement la possibilité de s’émanciper de son modèle, chose qu’elle n’a jamais vraiment réussi à faire lors de ses dix premiers épisodes.
Loin d’être un échec, la première saison de Scream révèle donc une série bien divertissante. Même si elle n’est pas à la hauteur de son modèle, elle s’amuse avec son histoire et ose semer le trouble chez le spectateur. Scream est le petit slasher estival sans prétention et qui, on l’espère, apprendra de ses erreurs pour offrir une deuxième saison supérieure et encore plus fun.
NOTE: 6,5/10