Scan rétinien : regardez, vous êtes traqués
Scan rétinien : où l’on parle de la limite ténue entre sécurité et flicage
La biométrie, qu’elle relève de l’empreinte digitale ou du scan rétinien, a fait les beaux jours des auteurs de science-fiction et du cinéma d’anticipation. Tantôt présentée comme un avantage, tantôt montrée du doigt comme une dérive sécuritaire possible, il n’en reste pas moins qu’elle reste récurrente dans les œuvres modernes. Même nos smartphones s’y sont collés en commençant à scanner nos empreintes. On pense aussi à Microsoft Hello qui permettra de vous identifier pour ouvrir votre session Windows, grâce à un scan de votre visage (et pas simplement par une reconnaissance visuelle). C’est donc tout naturellement qu’un chercheur annonce avoir mis au point une technologie de scan rétinien qui serait capable de fonctionner à plusieurs mètres de distance d’un individu.
L’avantage du scan rétinien par rapport aux lecteurs d’empreinte digitale, c’est évidemment qu’il ne nécessite pas de contact. Mario Savvides affirme que sa technologie permettrait à un membre des forces de l’ordre de scanner la rétine d’un individu pour savoir sans même avoir un contact rapproché avec lui s’il s’agit d’une personne suspecte ou pas, un délinquant ou une mamie inoffensive (oui parce que les mamies délinquantes, çà existe, savez-vous, de même que les jeunes inoffensifs, d’ailleurs !). Le deuxième intérêt évidemment de la chose serait que, même dissimulé derrière un masque, une personne serait identifiable.
Quel beau monde, cela nous prépare-til, n’est-ce pas ? Non parce que çà en serait fini de craindre pour sa sécurité vu que tous les méchants seraient identifiés et possiblement traqués par les forces de l’ordre. Evidemment, Savvides affirme que sa technologie de scan rétinien est là uniquement pour rendre le monde meilleur et qu’elle permettrait notamment d’identifier des victimes de la traite des personnes ou d’enlèvement.
Je voudrais pas jouer les trouble-fêtes et je suis heureux que des scientifiques soient aussi optimistes mais l’Histoire nous a montré que, pour chaque chose utile qu’a apporté la technologie, elle a apporté aussi des maux indescriptibles à la société humaine. En l’occurrence, on peut imaginer que des gouvernements pourraient utiliser le scan rétinien pour identifier des activistes jugés dangereux. Et on sait, depuis la loi sur le renseignement, que la notion de dangerosité n’est pas la même pour un gouvernement que pour le citoyen.
On imagine parfaitement que ce même scan rétinien aura comme utilité la mise en place de systèmes publicitaires qui s’adapteront à l’utilisateur. Evidemment, je ne dis pas qu’il faut fuir la technologie, ni non plus qu’il n’y a pas un minimum de sécurité à assurer dans notre société. Pour autant, la frontière entre liberté et ingérence dans la vie privée, entre anonymat et vie publique me semble de plus en plus ténue. On imagine aussi que le législateur devra aussi mettre en place des limites à ce que l’on pourra faire ou pas avec de tels systèmes.
Quoi qu’il en soit… les prochaines années vont être intéressantes à observer pour voir jusqu’où nos gouvernements sont prêts à aller pour la raison d’état. Pour notre bien, évidemment.