Siberia, un « Lost like » à la sauce Reality Show
Lorsque j’ai lu le plot de Siberia, vu quelques images ça et là du show, je me suis dit « boah, une série de l’été qui a l’air bien cheap… Jamais je tiendrai plus d’un épisode ». Peuchère, mal m’en a pris ! J’ai vraiment bien fait de tomber sur cette petite pépite !
Attention, il se peut que cette chronique dévoile les moments clés de l’intrigue, si vous n’avez pas vu la saison 1, je vous invite à le faire si vous ne voulez pas être spoilés !
Je rappelle que MightyEagleLol a chroniqué cette série lorsque celle-ci venait de débuter (son article: https://www.toysandgeek.fr/geek/siberia-tv/). Ici, il s’agit d’une review de toute la saison 1.
Les gros cons dans la prairie
Siberia est le nom d’une vraie fausse télé-réalité, diffusée sur la chaîne NBC cet été. Le principe du show est donc de nous présenter, à l’instar d’un Koh Lanta, une ribambelle de personnages « hauts en couleurs », qui débarquent en Sibérie Centrale afin d’y survivre le plus longtemps possible. Le ou les gagnants, ceux qui n’ont pas abandonné, se partagent la somme de 500 000 $.
Bien entendu, cela va beaucoup moins bien se passer que dans une télé-réalité du même genre comme celle de TF1, mais on va tout de même retrouver les « standards » qui s’apparentent à ce genre de jeu.
On a donc le présentateur made in « Denis Brogniart », avec un air « aventurier mais trop, faut pas déconner, je suis juste présentateur, la seule aventure que j’ai expérimentée c’est manger des frites au Nutella », qui va indiquer aux candidats ce qui les attend sur le lieu de la « compet' », les cameramen (on y reviendra) qui suivent les participants dans tous leurs faits et gestes (non, pas quand ils font caca), les petites fourberies et autres « clans » entre candidats, et les fameux candidats bien stéréotypés en eux-mêmes.
Parlons-en de ces guignols. Déjà, ce qui saute aux yeux, c’est le jeu d’acteur. Bordel. Tout est surjoué. La peur, la surprise, les relations intimes ou non entre les personnages, tout fait faux. Après, vous allez me dire que c’est normal, c’est le credo des vrais télés-réalité, mettre en scène des personnes avec des tempéraments tous différents, celles-ci en faisant des caisses une fois devant les caméras, l’apparition d’un objectif faisant croître de façon exponentielle chaque émotion.
Oui mais là c’est too much, on n’y croit pas une seconde, ces participants sont censés être confrontés, au fur et à mesure de la saison, à des phénomènes de plus en inexplicables, et donc, ne plus penser à la caméra, mais plutôt à sauver leurs fesses du bourbier dans lequel ils se sont fourrés.
Le casting des acteurs a voulu se rapprocher au plus près des personnes recrutées habituellement en télé-réalité, tant l’accumulation des candidats avec des profils stéréotypés est présente. On a donc la connasse, Esther (Esther Anderson), sorte de bimbo machiavélique qui fait qu’à embêter les autres concurrents en concoctant des plans toujours plus vils les uns que les autres.
On retrouve aussi Sam (Sam Dobbins) aka « Big John Locke ». Toujours à donner des conseils, parce qu’il est vieux et gentil, c’est connu, les vieux sont toujours emplis de sagesse.
Je peux vous parler de Johnny (Johnny Wactor), le bouseux de service, professionnel en « bull riding » (rodéo sur taureau) qui porte super bien le tshirt col v qui tombe jusqu’au nombril, qui se trouve être un gros connard au début de l’aventure, mais qui se révèle en fait avoir un coeur d’or.
Ah, et n’oublions pas Daniel (Daniel Sutton), Ze Cherry On Ze Cake, le gentil informaticien, qui dès qu’il voit un vieux pc délabré, est sûr de pouvoir le réparer, juste en changeant la carte mère (j’exagère rien). Pis il est sympa Daniel, il aide tout le monde, il est un peu réservé, vu que c’est un geek, mais, il va s’affirmer au fur et à mesure de la saison, ‘tain, c’est quand même beau tout ça. Et il offre des cailloux bleus. Trop mimi.
Et j’ai parlé de Miljan (Miljan Milosevic), le monténégrin fourbe ? Ah, non au temps pour moi.
Malgré cet amoncellement de personnages stéréotypés, Siberia a quand même quelques avantages.
Siberia, Lost à Tunguska ?
Ce n’est pas un gros mot de dire que Siberia fait furieusement penser à la série de J.J. Abrams: Un groupe de personnes livrées à elles-mêmes, élaborées en « clans », confrontées à un milieu hostile, un soupçon de fantastique et d’horreur, et voilà !
La série utilise un lieu qui existe vraiment, dans la région du Tunguska. Cet endroit est connu pour avoir subi l’impact d’un objet céleste, causant la destruction de la forêt alentour sur 20 km à la ronde. Autant dire que c’est pas là qu’on irait se faire un barbeuc pour griller des saucisses entre potes.
Bien entendu, Siberia utilise cet élément pour mettre en place, au fur et à mesure des épisodes,une ambiance de plus en plus fantastique. La rencontre des participants avec les autochtones, une peuplade indienne de la région qui leur explique la présence des « hommes de la vallée », sortes de monstres humanoïdes dont on ne devinera la forme qu’un court instant dans le tout dernier épisode de la série, renforce ce côté surnaturel.
La force de Siberia, c’est aussi et surtout de faire monter la sauce au fil de l’histoire, sans forcément montrer une once d’effets spéciaux. Aurores boréales inexpliquées, tigre blanc éviscéré dans la forêt, pièges en tout genre, apparitions, ou encore contrôle mental (avec Miljan), tout est là pour rendre l‘atmosphère angoissante.
Le show s’appuie bien entendu sur le réalisme de la fameuse technique du « found footage » (Donner l’illusion d’une pellicule retrouvée et remontée afin de la présenter comme un documentaire ou une simple présentation de faits ayant réellement eu lieu), donnant à Siberia un petit côté horrifique à la Blair Witch.
Malheureusement, on ne peut pas dire que cette technique soit utilisée souvent à bon escient. En effet, les cameramen, qui sont au centre de l’histoire, utilisent parfois des angles de vue… « inattendus », et assez incohérents. Par exemple, lors des derniers épisodes, quand les candidats se font prendre en otage, les personnes tenant la caméra sont visiblement libres de leur mouvement, alors qu’ils devraient être logiquement arrêtés par les preneurs d’otage. Autre exemple, quand un des mercenaires tire sur Annie (Anne-Marie Mueschke), le cameraman se tient pile en face de celui-ci, et, logiquement devrait s’être pris une balle, alors que le plan d’après, il est à bord du camion volé par les participants.
Malgré ces petits défauts, Siberia reste une série bien foutue, et assez maline, jouant avec le téléspectateur sur la véracité ou non de cette histoire. De plus, autre originalité, les acteurs utilisent leurs vrais noms et prénoms dans la série, un autre clin d’oeil fait à ceux qui suivent le show. Ou encore le site « officiel » du show présente les candidats comme de vrais participants à une télé-réalité: Siberia Contestants.
En tout cas, rarement je n’aurai connu une expérience de la sorte depuis Lost, et encore, Lost était assez « classique » dans sa façon de raconter une histoire. Cette série m’a intrigué, voire irrité lors de ses 2 premiers épisodes, je me suis arraché les cheveux à chaque scène où un acteur surjouait (autant vous dire qu’il ne m’en reste plus des masses), mais, au fil de l’histoire, elle a réussi à me faire changer d’avis, jusqu’à ce que je devienne accroc. J’adore aussi le générique:
Siberia reste une très bonne expérience, imparfaite, il est vrai, mais honnête dans ce qu’elle propose, et cela fait du bien dans le paysage sériel d’aujourd’hui, les chaînes américaines n’arrivant pas forcément, ces temps-ci, à délivrer un contenu de qualité.