Signal / bruit : étrange, triste mais beau.
Signal / bruit : étrange, triste mais beau.
C’est en me baladant au salon du livre et de la presse Jeunesse de Montreuil et en passant sur le stand du Diable Vauvert; stand que j’affectionne beaucoup car Pierre Bordage y est édité très régulièrement… mais bref passons; que je vois plusieurs livres du célèbre Neil Gaiman. En effet cette maison d’édition sort aussi les livres de cet auteur britannique. Personnellement je l’ai d’abord connu comme auteur de romans (avec Neverwhere, Stardust, American gods, …) puis j’ai croisé son personnage d’Angela dans le comic Spawn; elle est d’ailleurs chez Marvel actuellement pour la petite histoire; et enfin ces dernières années j’ai plongé avec délice dans son cultissime comics Sandman. Il y était déjà associé à Dave McKean qui réalisait les magnifiques couvertures et m’a donné un aperçu de son style très particulier. Cette fois-ci j’ai pris « Signal sur Bruit » entre autre chose chez « le Diable Vauvert » certes datant de 2011 mais qu’importe, il n’est jamais trop tard.
« Signal sur Bruit » nous raconte l’histoire d’un réalisateur de film ayant un certain succès, planchant sur son dernier film. Pendant l’écriture de son scénario on lui découvre une tumeur maligne certes, mais qui pourrait être soigné avec un traitement de choc. Il refuse pourtant de suivre l’avis des médecins et de ses proches. Il laisse la maladie prendre possession de lui tout en finissant dans sa tête et à l’écrit le scénario de son ultime film. Il s’agit de l’histoire d’un petit village attendant avec appréhension la fin du monde prévue en cette année 999. On navigue donc entre, d’un côté, un homme fatigué de vivre qui a baissé les bras, se résignant à au moins finir le script de son film avant de passer sur l’autre rive, et de l’autre côté des paysans fatalistes prêts à basculer dans un enfer annoncé par les saintes écritures…
Youhou ! C’est la fête! Je sais que ça peut avoir l’air très déprimant dis comme ça et il vrai que le sujet est lourd. Mais l’écriture de Neil Gaiman combinée à la folie créatrice de Dave McKean fait des merveilles de poésie et de mélancolie. L’artiste mêle découpage/collage, dessins, photos, superposition de couches de « matière ». Chaque planche est une œuvre en soi, très sombre et pouvant mettre mal à l’aise, mais souvent touchante et belle. Ne vous attendez pas à de l’action, c’est lent, émouvant, cela incite à la réflexion, à la contemplation.
Même l’historique de l’œuvre en préambule du livre est intéressant, il explique que « Signal sur bruit » a eu et a encore plusieurs vies, cela le rend encore plus passionnant et explique aussi le « pourquoi » des interludes entre les chapitres, je vous laisse le plaisir de le découvrir et à quel point ces deux personnes sont inventives.
Neil Gaiman et Dave McKean nous montrent qu’on peut parler de quelque chose de terriblement triste, de profondément sombre en mettant de l’originalité, rendant tout cela beau et unique. Je pense que ce genre d’ouvrage doit diviser, on aime ou on déteste, mais le parti pris est tel qu’on ne peut pas rester indifférent à mon avis.
Personnellement j’ai aimé « Signal sur bruit » et le travail des deux compères est bluffant à plus d’un titre. Ce n’est pas une œuvre d’art, ce n’est pas une Bande dessinée, c’est pile entre les deux je dirai.