Test jeu vidéo – Doom (Xbox One, édition 2016)
Il y a quelques temps, Twitter fut sujet d’un petit débat (1) : la note d’un jeu serait inversement proportionnelle au temps de son introduction. Doom, version 2016, gagnait la main, sans peur, le titre du meilleur jeu de 2016. Avec une quarantaine de secondes, soit une note finale de 60%, Doom annonce qu’il ne fera pas dans la dentelle. Ça tombe bien c’est exactement ce que je cherchais.
Ce quatrième opus de Doom commence fort. Vous vous réveillez, récupérez le strict minimum et un mec vous parle par l’intermédiaire d’un écran qui se fait exploser sous une impulsion d’adrénaline. Ces 45 secondes annoncent la couleur, on n’est pas là pour écouter les désirs de sombres inconnus, on est là pour exterminer des monstres issus des Enfers. Au-revoir l’aspect horreur du précédent titre, id Software retourne aux origines et on ne va pas enfiler des perles.
La première bonne surprise de cet épisode vient de Bethesda car l’éditeur s’est totalement foiré sur sa communication. S’il n’existaient pas d’autres avis et de nombreuses vidéos, j’aurais certainement laissé Doom de côté tant les présentations publiques étaient d’un ennui profond. N’importe quel Call of Duty pouvait se vanter d’être plus rythmé. Heureusement le jeu ne ressemble pas à sa campagne publicitaire et s’avère meilleur en tout point (c’est bien une première !) Prenez une bonne bouffée d’oxygène car le rythme effréné ne se calme qu’à de rares occasions.
Comme je le disais, vous vous réveillez dans ce qui semble être un sarcophage, dans un laboratoire sur Mars. Ni une ni deux, votre instinct de survie reprend le dessus. Ici une arme, là un casque, vous sortez de votre sanctuaire. Des sirènes retentissent, vous envoyez chier cet homme qui appelle à l’aide et défouraillez les premiers démons qui vous font face avec votre simple pistolet. Très vite et sans tutoriels nauséabonds, les mécaniques s’enchaînent de façon naturelle : un ennemi clignote, il peut être tué au corps à corps (clignotement désactivable) ; des orbes flottent par endroit (la prise vous octroie des pouvoirs temporaires : dégâts multipliés, invincibilité, etc.) Tout dans Doom a été pensé pour procurer un plaisir immédiat et facilement compréhensible.
Cette prise en main exemplaire est nécessaire dans ce type de jeu car même s’il contient des zones molles sans combat,il faut se préparer en cas de rencontre imprévue. Une fois les premiers tirs déclenchés, l’action ne se s’arrête généralement qu’au bout d’une ou deux minutes de bataille sans un seul temps mort. C’est très intense et Doom vous demande de rentrer dans une danse macabre des plus jouissive. Le flot est magnifiquement orchestré par la bande originale de Mick Gordon avec du gros métal électro bien sale et vous pousse à trucider tout le monde dans le plus gros trip hardcore possible : démembrements et explosions sont recommandés car le jeu d’id Software vous y invite grandement. Comme le retour aux sources est la pierre angulaire de ce titre, on retrouve même la classique barre de vie et d’armure. Il y a bien entendu des objets pour se requinquer dans les niveaux mais les ennemis éliminés via les glory kills (meurtres violents instantanés au corps à corps quand ils clignotent) relâchent de la vie et des munitions en abondance. Pour parfaire ce besoin meurtrier, un arsenal peu abondant mais diversifié est à votre disposition et se déverrouillera au cours de l’aventure. Vous aurez le droit au classique pistolet (que vous utiliserez certainement qu’au début et pendant deux minutes), au fusil à pompe et à la mitrailleuse lourde. À cela s’ajoutent un lance roquette, un rail gun, un fusil à pompe double coup, un canon plasma, une gatling mais aussi les indémodables tronçonneuse et BFG 9000 – qui ont des boutons d’accès rapide pour montrer à quel point ils sont importants. De plus, chaque arme, sauf les deux dernières citées, peuvent s’améliorer via des mods qui ajoutent des tirs secondaires comme des roquettes, une lunette de visée ou une boule d’étourdissement. Ces améliorations s’acquièrent via de petits robots cachés dans les niveaux.
En ce sens, le level design s’avère travaillé et ressemble fort heureusement à la conception des niveaux que l’on trouvait dans les deux premiers Doom. 2016 oblige, les grandes instances ouvertes ont laissé place à une structure où les couloirs connectent des grandes zones ouvertes où ont généralement lieu les longs et intenses combats. Les couloirs servent de transition calme – même s’il y a parfois des monstres, on n’est pas aux aguets à chaque angle comme Doom 3 ou Dead Space – apportent des phases légères à base de plateformes ou passages secrets dans lesquels on retrouve les améliorations d’arme, des objets à collectionner inutiles ou des portails de défi. Ces derniers servent à déverrouiller des améliorations ultimes pour votre personnage comme de la vie en plus, un meilleur bonus de bouclier, plus de munitions, etc. Pour y arriver, le jeu vous demande d’exécuter certaines tâches dans un temps imparti : tuer 30 monstres en 30 secondes avec le shotgun, par exemple.
Loin d’être de tout repos, Doom se joue en apnée lors de ses combats ravageurs mais s’avère être une grande bouffée d’air frais. Même si cette édition 2016 n’invente pas grand chose – les défis pour débloquer des choses, c’est un FPS classique, aucun scénario qui vaille la peine de réfléchir – le fait qu’il ne se prenne pas la tête et offre une expérience jouissive via une tension sans retenue en fait clairement un excellent jeu vidéo.
Il faut toujours juger une œuvre sur sa promesse. Id Software et Bethesda voulaient un jeu de tir rapide, violent et simple dans l’univers de Doom. On a donc un titre où tous les gunfights sont jouissifs avec des hectolitres de sang (si c’est bien du sang qui sort des monstres) sur le sol et la tronçonneuse, une bande son extraordinaire et un bestiaire réussi. Le meilleur jeu de 2016 à mon avis. Chevronné-e-s du FPS, jouez-y en difficile.
(1) Je n’arrive pas à retrouver car trop vieux mais il me semble qu’il s’agissait d’une proposition de la rédaction de JV Mag ou Pixel Le Monde.
Fiche du jeu (au 5 juin 2017) :
Titre : Doom
Style : FPS
Développeur : id Software (États-Unis)
Éditeur : Bethesda Softworks
Sortie : 13 mai 2016
Plateformes : Windows, PlayStation 4 et Xbox One
PEGI : 18 (violence + langage)
Prix : environ 60€
Langues : Français disponible
Site officiel : http://doom.com/
Let’s play de Doom par mes soins :
Testé à partir d’une version commerciale en boite sur Xbox One, achetée en promotion à la FNAC. Jeu fini en entre 10 et 12 heures. Captures vidéo et d’images réalisées par moi-même via les fonctions de la Xbox One. Le mode multijoueur n’a été testé que durant la bêta : c’est du fight classique, c’est pas mauvais mais c’est sans plus. Je n’ai pas testé le mode snap map permettant de créer des cartes.
Notre avis sur Doom
La première chose qui me vient de tête est de venir chez vous, vous mettre dans un PC (ou une console) et de vous forcer à l’acheter. C’est un FPS simple et bête sur le papier mais id a perfectionné la formule pour arriver à un jeu parfait mêlant violence, danse et transcendance. Ne cherchez pas de fond ici, ne prenez que la forme, le fun et le feeling qui sont réussis en tout point. Le meilleur jeu de 2016.
Les plus : un feeling parfait, un jeu long et parfaitement rythmé, une bande son magnifique.
Les moins : quelques armes sans réelle patate, un multijoueur sympa mais sans réel intérêt.
Avis : Excellent, mention « shut up and take my money! »