Trees : Aux racines de l’Homme.

Trees : aux racines de l’Homme.

Ce qu’il y a de chouette quand tu échanges avec un libraire que tu commences à connaitre pas trop mal, c’est que tu as tendance à lui faire confiance. Alors quand il te parle d’une série SF, en te disant : » Prend ça, c’est de la bonne came » et bien tu te retrouves avec « Trees » dans ton sac et tu retournes chez toi.

Il y a dix ans, elles se sont posées à différents endroits sur notre planète. Qui ça? Des immenses tours noires, d’une hauteur défiant tout ce que l’humain pouvait imaginer. Mais elles se sont juste posées, rien n’en est sorti, à part une espèce de sève qui est évacuée de temps en temps. Elles sont là, immobiles, silencieuses, ne réclamant rien, n’agissant pas et pourtant… Et pourtant l’homme en a peur, et c’est compréhensible. Mais il y a différentes façons de gérer sa peur. Certains monteront une expérience scientifique pour essayer de comprendre ce que cela peut être, d’autre feront régner la peur aux pieds de ses « arbres » et développeront une espèce de régime de terreur et de racket pour profiter de la crédulité des gens. D’autres encore, comme en Chine, déporteront tous les parias dans ses zones que personne ne veut habiter, il y a aussi ce chef d’état africain qui arrive à trouver un avantage militaire à l’arbre se trouvant dans son pays.

Pour son premier tome, « Trees » parle plus de sentiments humains envers d’autres humains que leur relation avec les structures extraterrestres. Même si bien sûr, leur présence se fait sentir, elles ne sont juste un prétexte pour faire ressortir le meilleur (comme la très belle histoire d’amour de Zhen et Chenghei en Chine) ou le pire.

Avec Trees, Warren Ellis utilise les tours comme prétexte à un déséquilibre social, politique et ainsi « étudier » ses acteurs. Que ça soit Chenghei qui découvre sa sexualité et l’amour avec Zhen la transsexuelle, le volcanique sicilienne Eligia qui va découvrir au contact de Luca les moyens de se libérer de son carcan de femme « soumise ». Il y aussi Marsh qui pètera un plomb en voulant tout comprendre et bien d’autres personnages intéressants à suivre. Dans Trees l’auteur nous montre aussi la faculté d’adaptation de l’homme, sa capacité à occulter tous les éléments qui sortent de l’ordinaire, ou si pas à l’occulter à l’intégrer dans son quotidien pour retomber dans ses travers et ses habitudes. Une analyse coup de poings de nos semblables.

Jason Howard dessine tout cela avec un style très simple pour une production US, avec un côté très européen, les ombrages amènent beaucoup de vie, les décors mixent scènes détaillées ou épurées et cela  sert au mieux le récit. On a donc un dessin de bonne facture sans non plus être une claque visuelle. Mais cela n’est en aucun cas un point négatif.

Trees est donc un mélange de science-fiction, de thriller, d’histoire d’amour, d’espionnage par moment, mais aussi et surtout une étude comportementale des hommes lorsqu’on leur présente une figure quasi divine ou tout au moins difficilement compréhensible. Une belle graine d’histoire qui mérite de grandir encore pour notre plus grande joie.

Ah oui, et si je ne vous ai pas vraiment convaincu, pour information le premier tome est au prix de 10€ jusqu’au 31 décembre…presque cadeau quoi.