Trillium : Une aventure à vous retourner la tête!
Trillium : Une aventure à vous retourner la tête!
Cette semaine j’ai envie de vous parler de « Trillium » par Jeff Lemire paru chez Urban Comics. Jeff est connu comme scénariste très actif dans l’univers DC comics (Animal Man, Green Arrow, Justice League United, etc…). Mais c’est avant tout un artiste complet qui a un style bien à lui.
Le trillium est une jolie plante à trois pétales blancs avec une odeur assez présente fruitée ou épicée (source Wikipédia pour l’odeur, je crois en avoir jamais vu en vrai 😀 ). Mais il s’agit peut-être aussi du seul espoir pour l’humanité du 34ème siècle décimée par « la crépine« , un virus intelligent survivant dans n’importe quel milieu dont l’espace. Nika est une biologiste cherchant un remède à ce fléau et avec son équipe, pense l’avoir trouvé sur la planète Atabithi.
En 1920 William se remet psychologiquement de son passé de soldat durant le première Guerre Mondiale. Il décide pour cela de participer à une expédition dans la jungle amazonienne à la découverte du temple interdit des Incas avec son frère.
Dans des temps et des lieux différents ils découvrent des temples semblables. Ceux-ci servent de portails, de passerelles entre les mondes permettant aux athabitiennes de voyager et protéger leur espèce. Cela va permettre aussi à Nika et William de se rencontrer et, malgré un problème de compréhension dû à quasiment 2000 ans d’évolution du langage, de tisser des liens très forts. Plus que leur corps c’est leur âmes, leur esprits qui s’accordent et se mêlent… Dit comme ça, cela peut paraître très exagéré, mais c’est encore loin de la vérité concernant la relation fusionnelle qu’ils entretiendront. Tellement proches qu’ils seront littéralement dans la tête l’un de l’autre et partageront leurs moindres souvenirs.
Avec Trillium, Jeff Lemire nous propose certes une histoire d’amour improbable dans un univers de science-fiction. Mais au-delà de ça il décrit tout une civilisation, une mythologie, un langage et une écriture extraterrestre. Il propose aussi une réflexion sur l’avenir de l’espèce humaine et de sa faculté d’adaptation pour survivre dans un milieu hostile face à quelque chose qu’il ne sait pas appréhender. Il a aussi mis en place un mode de narration unique, que je n’ai jamais vu en tout cas. Je m’explique, quand Nika est au centre de l’histoire ou bien que les deux sont dans le même lieu, la bande dessinée se tient « normalement« , mais les moments où William est dans un lieu, une époque différente, pour suivre son histoire à lui, il faut littéralement retourner le livre! Accentuant ainsi le fait que leur éloignement est bien plus problématique qu’une question de distance. C’est aussi une question d’époque, de mode de vie, de langage même si au final William accepte assez rapidement le fait que Nika vienne du futur.
Graphiquement Trillium est loin des standards comics, avec ses dessins ciselés, des couleurs « propres » etc. Jeff Lemire à un style esthétiquement bien à lui, les personnages sont par moment un peu difformes mais, par leurs expressions sont beaux, très souvent. La mise en couleur à la peinture (ou effet peinture), donne du relief au décor, aux visages et même à l’espace!
Si vous aimez la science-fiction, les réflexions sur l’humanité le tout teinté d’une romance douce sans être mièvre, Trillium vous tend les pages, à l’envers ou l’endroit l’histoire vous touchera par sa douceur et sa poésie.