True Detective, la review
Ce début d’année 2014 fut prolifique en série de qualitay: le retour de Banshee, le bon départ de Helix (qui, malheureusement, ne tient pas sur la durée au niveau de la qualité de ses épisodes), la 3ème saison de Sherlock ou encore la saison 2 de House Of Cards. Attendue également comme une valeur sûre, avec un trailer qui nous faisait saliver, True Detective s’est imposée comme LA fiction majeure de cette année.
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True Detective, un sommet
Autant vous le dire, avant de commencer True Detective, j’étais un peu perplexe. Bien sûr, la possibilité de regarder une série avec des acteurs connus et reconnus (Woody Harrelson, Matthew Mc Conaughey, Michelle Monaghan…) a sûrement titillé ma curiosité. Mais pourtant, ce n’était pas forcément gagné au départ, la télévision US croulant sous les fictions policières et autres tueurs en séries.
Les échecs précédents qui ont été pour moi, par exemple, The Following, Hannibal ou encore Bates Motel, m’ont quand même laissé un poil d’appréhension avant d’aborder cette nouvelle mouture de HBO.
Après visionnage du premier épisode, je n’ai pas pu décrocher de cette formidable leçon de mise en scène et d’écriture. « True Detective est un putain de chef d’oeuvre « , c’est que je me suis dit, juste après un seul épisode, et dieu sait que je me suis répété que j’allais un peu vite en besogne et que nombre de séries possèdent un pilote fantastique mais ne tiennent pas sur la longueur (Helix, comme indiqué plus haut, en est un parfait exemple).
Pourtant, après ces 8 épisodes, malgré un dernier épisode un peu deçà qualitativement par rapport au reste de la fournée, il n’y a rien à redire, True Detective m’a scotché de bout en bout avec son suspense haletant, ses acteurs formidables, ses plans magnifiques, sa musique envoûtante.
True Detective, pourquoi c’est si bien ?
« First things first », que raconte la série ? True Detective est une fiction d’anthologie (c’est à dire une saison = une histoire différente et personnages modifiés), se situant en 2012 et qui nous raconte l’histoire de 2 anciens inspecteurs de Louisiane (Rustin Cohle (Matthew Mc Conaughey) et Martin Hart (Woody Harrelson)) interrogés dans le cas d’une affaire dont ils ont eu la charge en 1995. L’affaire en question est le meurtre d’une femme, survenu donc 17 ans plus tôt dans la région. Celle-ci a été retrouvée les mains liées à un arbre avec des bois de cerf sur la tête.
De nombreux allers-retours sont donc effectués au cours des épisodes, le téléspectateur naviguant entre les différentes versions des personnages, notamment Rustin Cohle et Martin Hart (que l’on appellera Rusty et Marty, comme dans la série, pour faire plus court).
L’histoire ne brille pas par son originalité, en tout cas au début, la série mettant en scène une investigation tout ce qu’il y a de plus classique: interrogatoires, perquisitions, recherches de preuves. Néanmoins, je vous conseille d’être assez attentif, la série étant très verbale et fourmillant de détails. Non, ce qui nous intéresse plus au niveau de l’intrigue, c’est le mystère entourant le fameux meurtrier, « The Yellow King »: qui est-il ? Son but, ses motivations ? De fait, au fur et à mesure de l’avancement dans l’histoire, nombre de personnes se sont pris la tête sur le web afin d’élucider ce mystère. En effet, True Detective a eu un tel impact qu’un nombre impressionnant de personnes ont avancé des théories sur le meurtrier et on débattu pendant toute la durée de la série pour savoir qui se cache derrière ce Yellow King. Pour ceux qui seraient perdus dans le fil de l’intrigue et auraient du mal à se rappeler des intervenants de l’histoire, une infographie a été réalisée par un passionné.
Cet engouement a plusieurs sources. On peut commencer par la plus évidente: Rusty.
Matthew Mc Conaughey, une grosse claque dans la gueule
En effet, le personnage de Rustin Cohle, interprété donc par Matthew Mc Conaughey, est assez à part dans le monde sériel, et il n’est pas forcément habituel de se trouver face à un personnage principal/héros aussi lunatique et sociopathe dans cet univers, un peu comme Dexter. Rusty est donc un des 2 anciens flics chargés de l’affaire, un homme brisé suite à la mort de sa fille, insomniaque, solitaire, élucubrant à longueur de temps à son partenaire, Marty, ses pensées philosophiques et anthropologiques – le tout teinté d’une misanthropie non dissimulée.
Matthew Mc Conaughey porte à merveille le rôle de cet homme cassé par le deuil, n’esquissant quasiment jamais le moindre sourire, ayant foi en peu de choses, à part ses bières Lone Star et ses cigarettes Camel. Le tout avec cet accent texan si particulier. L’acteur est juste incroyable et hypnotisant, nul doute qu’il sera favori pour la prochaine cérémonie des Golden Globes.
Woody Harrelson, en tant que Martin Hart, est, quant à lui, l’exact opposé de Rusty. La famille est pour lui une priorité (une femme, Maggie (Michelle Monaghan) et 2 filles), il est l’archétype du flic sympa, arrondissant toujours les angles pour coéquipier Rusty. Mais c’est aussi un trompeur invétéré doublé d’un comportement caractériel et violent, étant à fleur de peau lors de ses altercations avec Rusty, sa femme ou sa maîtresse. Comparé au personnage de Cohle, la version 2012 de Marty a bien changé, alors que Rusty est resté la même personne lunaire et alcoolique.
Pour ceux qui connaissent les nombreux films où a joué Harrelson, vous ne serez pas dépaysés par le personnage, l’acteur ayant déjà étrenné pas mal ce genre de rôle. Mais on prend toujours plaisir à revoir cet acteur, et il faut quand même avouer qu’il tient la dragée haute à Mc Conaughey, mais dans un tout autre registre.
De fait, True Detective se penche tout aussi bien sur le déroulement de l’histoire que sur la combinaison de ces 2 personnages diamétralement opposés. On aime à suivre l’évolution de leur relation, compliquée, violente, au cours de ces 17 ans. C’est un aspect très important de la série, peut-être celui qui m’a le plus passionné tout au long de cette aventure sérielle, ce fameux duo Marty/Rusty. Ce n’est clairement pas un couple de « Buddy Movie » mais c’est une collaboration fascinante et tendue, avec des personnalités que tout oppose.
Un des seul défauts de True Detective est peut-être l’omniprésence de ces 2 monstres à l’écran, ceux-ci ne laissant plus beaucoup de « substance » aux autres intervenants de l’histoire, sauf Maggie qui, apparaissant au début comme une femme quelque peu effacée, se révélera avoir du « poids » pour la suite des événements.
Une réussite esthétique
Je m’attarde beaucoup sur le côté esthétique des fictions que j’ai le plaisir de voir. True Detective est un exemple parfait démontrant qu’il est toujours possible à la télévision de nous servir des images sublimes sans tomber uniquement dans le contemplatif.
Cary Fukunaga, le réalisateur, nous propose donc des plans magnifiques sur la région de la Louisiane, ses marais, sa nature brute, ses habitations disloquées, ses populations en partie redneck et ravagées par les catastrophes naturelles (l’ouragan Katrina par exemple, qui est un des acteurs de la série). Il retranscrit assez bien la moiteur et l’ambiance qui peut régner dans cette partie des Etats-Unis. Le tout en servant l’histoire de belle façon, en accompagnant le téléspectateur dans son périple à travers ces routes bordées de forêts et marécages immenses.
True Detective, c’est aussi une formidable bande originale. Généralement, je coupe les génériques, mais il faut avouer que sur celui-ci, l’équipe derrière cette fiction a fait très fort. Un peu dans le même registre que celui de True Blood, la bande son de l’opening (« Far From Any Road ») est fantastique et interprétée par The Handsome Family. Je vous encourage d’ailleurs à aller voir le processus de création de ce générique sur ce très bon article de Art Of The Title. La série est un mixage de plusieurs références musicales, en partant de la Country, en passant par le Folk, pour même arriver vers du Hard Rock (on retrouve des groupes comme The Melvins, The Black Angels ou encore Grinderman). Un melting pot de qualité pour un show de qualité.
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Il y a longtemps que je ne m’étais pas autant réjoui pour une série. Breaking Bad était pour moi intouchable (et l’est encore), mais True Detective n’est pas loin de la série de AMC, malgré seulement 8 épisodes. Une saison 2 est probablement dans les tuyaux, tant la série a battu des records d’audience sur HBO (le dernier épisode a même fait planter le service de streaming de la chaîne, HBO Go).
Une série quasiment parfaite, même si on pourrait pigner sur la fin du 8ème épisode qui dénote complètement avec le reste de l’ambiance du show. Je vous en conjure, je vous l’ordonne, je vous hurle de regarder True Detective pour toutes les qualités citées plus haut. Encore un bon « produit » made in HBO, nous prouvant une nouvelle fois que la chaîne arrive toujours à nous surprendre avec des oeuvres toujours plus originales et qualitatives.
