[Utopiales 2015] Compétition Courts-Métrages
L’édition 2015 des Utopiales proposait une compétition Courts-Métrages agrémentée d’une troisième session (au lieu de deux les années précédentes). Les spectateurs avait donc la chance de découvrir (parfois en exclusivité) pas moins de 21 courts-métrages par tranche d’1h30 environ à chaque fois.
La maîtrise technique et l’intérêt narratif étaient parfois inégaux d’un court à l’autre mais aucune production ne laissait indifférent. Voici un rapide panorama des œuvres qui m’ont personnellement le plus touché, transporté ou enthousiasmé …
Dark was the night (Session 1) – Royaume-Uni (2015) de Sam McMullen
Vik et son père nous enferment dans un huis clos spatial finement mis en scène. Les décors, le jeu d’acteur et l’ambiance sonore font totalement oublier l’absence d’effets spéciaux. Une réelle réussite où l’intrigue se teinte de mystère et d’émotion.
Juliet (Session 1) – France (2015) de Marc-Henri Boulier
La société SEED propose une gamme complète de substituts sociaux humanoïdes dans ce docu-fiction aux attraits parodiques. L’industrie et les multi-nationales encouragées par nos habitudes de consommation dépeignent un tableau caustique et irrévérencieux. Seul regret, le propos majoritairement misogyne qui une fois dépassé laisse place au comique de situation.
Juliet a reçu le prix du public.
The Shaman (Session 2) – Autriche (2015) de Marco Kalantari
Mise en scène épique pour ce court aux allures de super-production. Le monde se retrouve plongé dans un sinistre dénouement post-apocalyptique qui n’est pas sans rappeler Skynet et sa horde de Terminator. En lieu et place d’une résistance mené parJohn Connor, se dresse une caste de shamans aux pratiques oniriques aussi surprenantes que rafraîchissantes. Quelques raccourcis scénaristiques sont à pointer du doigt mais le résultat global transpire le talent de mise en scène.
Clones (Session 2) – Suisse (2014) de Rafael Bolliger
Un court-métrage qui explore le concept des clones sous un angle médical et aseptisé qui fait froid dans le dos. L’idée de départ n’est pas révolutionnaire mais la maîtrise de la caméra est flagrante. Le rôle du docteur Richards est brillamment exécuté par Rutger Hauer (surtout connu pour son rôle dans Blade Runner excusez du peu). Face à lui, l’acteur DeObia Oparei – habitué des seconds rôles dans les blockbusters lui donne la réplique de manière particulièrement convaincante.
Helio (Session 2) – Etats-Unis (2015) de Teddy Cecil
Dans un monde futuriste conscrit et muselé par un gouvernement dictatorial, un travailleur lambda se retrouve involontairement au cœur d’une révolte qui enflamme tous les bas-fonds.
Helio semble puiser son inspiration dans de nombreuses oeuvres cultes de la SF. Beaucoup de spectateurs ressortent avec un titre en tête : Blade Runner. Les prises de vue audacieuses et les généreuses scènes d’action font oublier les quelques défauts techniques de ce court-métrage sur fond de société totalitaire. Le message politique – majoritairement en retrait – est malheureusement toujours en écho avec l’actualité.
Man Without Direction (Session 3) – Suède (2015) de Johannes Stjärne Nilsson, Pelle Ohlund et Nina Jemth
Véritable pépite éclectique et onirique Man Without Direction embarque le spectateur dans une aventure aussi saugrenue qu’inquiétante. L’ambiance lovecraftienne de ce récit introspectif prend place dans un hôtel aux occupants dérangeants. Ce court-métrage se paye même le luxe de quelques scènes poétiques renversantes.
Pelle Öhlund, l’acteur principal dans Man Without Direction a reçu la mention spéciale du jury
Portal to Hell !!! (Session 3) – Canada (2015) de Vivieno Caldinelli
Jack le concierge règle tous les problèmes de son immeuble dans cette comédie déjantée dont l’absurdité ne vous laissera pas insensible. Ce florilège de personnages stéréotypés est mis à rude épreuve par une succession d’incidents dépassant l’entendement. Certains éléments relèvent presque de l’opportunisme pour séduire un public déjà hilare mais le véritable drame est d’apprendre que l’acteur principal Roddy Piper nous a quitté l’été dernier.
Portal to Hell !!! a reçu le prix Canal+