Captain America: The Winter Soldier, la critique
Captain America : The Winter Soldier , le premier Vengeur peut-il retrouver sa place ?
Le Marvel Cinematic Universe joue avec les nerfs des comic-fans et des spectateurs depuis 6 ans maintenant, navigant entre blockbuster insipide (Iron Man 2) et réussite incontestable (Avengers). Malgré un ambiance pulp réussie et une direction artistique soignée (surtout comparé à Thor, sorti lui aussi en 2011), Captain America : First Avenger n’a pas réussi à convaincre en signant la deuxième pire performance pour un film Marvel Studios, après L’Incroyable Hulk. The Winter Soldier, le deuxième opus des aventures de Steve Rogers, peut-il éviter un telle déconvenue ?
Niveau technique, The Winter Soldier s’en sort plutôt bien. Sans être révolutionnaire, la réalisation des frères Russo est efficace et ne commet aucune faute de goût rédhibitoire. Deux petits points noirs sont tout de même à signaler : la première scène d’action est illisible par moments (défaut heureusement absent du reste du film) et la 3D n’est pour ainsi dire pas exploitée comme c’est majoritairement le cas actuellement dans le cinéma. On reste donc dans la lignée des films Marvel Studios, à savoir confier les rennes à des réalisateurs qui font le boulot, ni plus ni moins (à l’exception notable de Joss Whedon sur Avengers).
C’est sur un terrain plus surprenant que The Winter Soldier se démarque. Abandonnant le strict terrain super-héroïque, le scénario de Christopher Markus et Stephen McFeely plonge le Captain au cœur d’une intrigue tenant autant du thriller d’espionnage que de l’actionner survitaminé. En choisissant d’ancrer le film dans un contexte plus réaliste avec des thématiques très actuelles (comme la surveillance généralisée et le contrôle de l’information), les scénaristes réussissent à créer des enjeux susceptibles de toucher le spectateur, ce qui pouvait manquer au premier opus ainsi qu’aux autres films Marvel Studios.
Dans cette même logique, un soin tout particulier a été apporté aux personnages principaux de Winter Soldier. Aucune tête d’affiche n’est mise en retrait par rapport aux autres et chacune à l’occasion de s’exprimer et de briller au cours du film. Il en résulte une empathie renforcée pour des protagonistes relégués au second plan jusqu’ici (Nick Fury et Black Widow) ou fraîchement débarqué (le Faucon). Plus encore, ils nous sont présentés avec leurs doutes et leurs faiblesses (l’idéalisme du Captain, l’arrogance de Fury…), voire carrément en situation d’échec et de danger de mort : on ne peut que s’identifier à des héros si perfectibles donc profondément humains.
Captain America : The Winter Soldier se détache incontestablement du lot des productions Marvel Studios par une réalisation solide mais surtout par un traitement original qui ramène intrigue et personnages à un niveau plus humain, ce qui crée une empathie impossible à obtenir avec d’autres franchises du Marvel Cinematic Universe pour cause d’enjeux insurmontables pour le commun des mortels. Pour la deuxième fois, les aventures de Steve Rogers tentent une approche résolument différente des autres films Marvel, ce qui peut diviser les spectateurs tout comme le premier opus. Ce parti-pris audacieux a parfaitement fonctionné sur votre serviteur qui s’empresse d’intégrer The Winter Soldier dans son top 3 de l’arc Avengers, en lui souhaitant un meilleur accueil public que son prédécesseur¹…
¹ à l’heure où j’écris ces lignes, le film n’est pas encore sorti aux États-Unis