gamescom 2018 – Steel Divison 2 : la tactique russe de la démesure
Mardi, 16 h 30, stand Eugen Systems B2B
J’en parle très rarement, je suis plutôt admiratif du travail d’Eugen Systems. J’ai passé des dizaines d’heures sur les Act of War, d’excellents jeux de stratégie en temps réel. J’ai ensuite essayé un peu Wargame et c’est aussi très bien malgré la difficulté due à sa réalité hallucinante. J’ai ensuite lâché les jeux du studio faute de temps, je ne connais donc pas très bien les derniers Wargame, Act of Aggression (vu durant une précédente gamescom chez Focus) ou Steel Division: Normandy 44. C’était donc avec un peu d’appréhension que j’allais à mon rendez-vous pour découvrir la nouvelle bête du studio français.
Pierre-Yves Navetat – marketing and communication manager chez Eugen – commence à me poser quelques questions classiques sur mon historique avec les RTS et le studio. Je répondis avec ce qu’il y a au-dessus. Puis il se transforma d’un coup, avec un air démoniaque et les flammes dans les yeux. L’amoureux d’histoire et de stratégie hardcore venait montrer son vrai visage en Allemagne. Il me balança : « sais-tu ce qu’est l’Opération Bagration ? » Apeuré comme durant les cours d’histoire de monsieur Gauny au lycée, je répondis par la négative.
Opération jte-roule-dessus-à-la-russe
Comme d’habitude, Eugen s’est entouré d’historiens pour créer Steel Division 2. Si tout le monde est censé connaître l’Opération Overlord qui s’est déroulée en Normandie à partir de juin 1944, peu connaissent son cousin qui a débuté en Biélorussie moins de 20 jours plus tard. De grandes batailles avaient déjà eu lieu entre les garnisons nazies et russes (on pense de suite à Stalingrad) mais après la percée alliée en France, les Russes débutèrent aussi une avancée spectaculaire face aux troupes de l’Axe.
Cette double attaque fut terrible pour les nazis, surtout durant Bagration car les Russes avaient décidé de ne pas faire les choses à moitié. On parle ici d’une armée quatre fois plus importante qui écrase littéralement l’autre. C’est une bataille de seulement deux mois qui s’étend sur 1 000 kilomètres de front et une avancée de 600 kilomètres. Je ne sais pas si vous vous rendez compte mais c’est monstrueux. Et très meurtrier…
Si je vous raconte cela, ce n’est pas pour étaler ma science – j’ai un onglet sur Wikipédia juste à côté – mais pour vous expliquer le contexte de Steel Division 2. Il vous mettra donc aux commandes des bataillons russes et polonais durant cette grande opération. Comme tous les jeux du genre, vous aurez aussi la possibilité de commander les armées allemandes tout en sachant que vous allez en chier.
Normandy forever
Avant de s’attaquer au gros morceau, petit retour en arrière de quelques années. Eugen Systems, édité par Paradox, sortait Steel Divison basé dans la cambrousse normande pour revivre les grandes batailles qui ont bouleversé la Seconde guerre mondiale. Il s’agissait d’un jeu de stratégie en temps réel avec les recettes fidèles au studio quand il se met à faire de la simulation – contrairement à la saga des Act of plutôt proche de Command & Conquer – à savoir des combats régis par des milliards de variables à en faire peur Deep Blue. Gestion des différentes parties de blindage : check. Gestion du carburant : check. Gestion des munitions : check. Gestion des vecteurs de tir : check. La liste des caractéristiques des chars et autres véhicules de combat est purement folle. On se croirait avec les revues techniques de centaines de bagnoles sauf que l’on ne trouve pas celle d’un Panzer chez Leclerc.
Outre une gestion précise de ses troupes, Steel 1 apportait un système intéressant de phases. Les phases A, B et C représentaient différents moments de la bataille en cours. Les unités sélectionnées en A apparaissaient directement dans la partie tandis que les autres arrivaient par intervalles de dix minutes. D’un point de vue « role play », cela représentait les renforts qui suivaient derrière et qui mettaient du temps à arriver. Il paraît évident que toutes les divisions ne se trouvent pas au même endroit et au même moment durant la guerre.
Il y a un peu de Russes, je vous le mets aussi ?
Steel Division 2 reprend le même concept mais en ajoute un nouveau. Vous avez vu la taille de la carte ci-dessus : ce n’est pas du tout la même que celle de la Normandie. On a affaire ici à une opération gigantesque, Eugen a donc décidé de proposer un mode de jeu à la hauteur de cette immensité. En plus du temps réel, un mode en tour par tour a été ajouté afin de diriger vos unités de façon précise en Europe de l’Est. Cette grande carte avec de beaux symboles OTAN, vos bataillons et divisions se déplacent très simplement à l’aide de la souris. Voyez cela un peu comme Hearts of Iron et ici tout le monde joue à son tour. Un tour correspond à une demi-journée et bien entendu le temps de déplacement est simulé en fonction des véhicules et du terrain.
Pour éviter de rendre le jeu trop ennuyeux et pour contenter tout le monde, il sera possible de simuler les batailles lors des rencontres avec l’ennemi. Si vous décidez de résoudre vous-même l’issue du match, le jeu lancera le mode en temps réel comme décrit auparavant : on passe du macro à la micro, et la carte tactique se transforme en STR classique avec une carte en 3D. À ce moment vous devrez choisir lesquels des cinq bataillons iront en phase A, B et C. Tout est détaillé avec une minutie à rendre fou les amoureux de la guerre (oui cela existe) : tout est exact du nom des divisions au nombre d’unités contenues. C’est totalement dingue, on en a la tête qui tourne.
227 nuances de guerre
Tel l’ordre 227, les membres de chez Eugen ont reçu l’ordre de ne pas s’arrêter en si bon chemin. À quoi bon faire un bon jeu de stratégie si poussé si ce n’est pas pour admirer ces armes de destruction ? Un musée 3D est donc proposé afin de voir les chars, les avions ou tous les véhicules présents dans le titre. C’est ultra détaillé et on remarque le sacré travail des équipes de modélisation 3D. Aucun mode en réalité virtuelle n’est officialisé, dommage car je demanderais à voir ce que cela pourrait donner comme avec World of Tanks.
Au niveau des autres ajouts, il faudra compter sur 25 cartes, 600 unités à travers 18 divisions (le tout vérifié historiquement je le rappelle) et de nombreux modes que ce soit seul ou accompagné (coopération et multijoueur en 10 contre 10).
Il n’y a pas encore de date de sortie fixe, mais on peut tabler sur 2019. En attendant ce futur hit, je vais aller potasser les bouquins d’histoire et de véhicules de guerre afin d’être paré à passer de nombreuses nuits blanches à déchaîner le rouleau compresseur russe à travers la campagne polonaise une bouteille de vodka à la main.